Le grand marchandage franco-russe

La France a besoin du gaz russe, la Russie du savoir-faire français dans le domaine de l'efficacité énergétique. Le quatorzième séminaire intergouvernemental franco-russe, qui se déroule aujourd'hui à Rambouillet, doit déboucher sur la signature de nombreux contrats pour un total approchant le milliard d'euros. Certains constituent un sésame pour accéder aux formidables réserves d'hydrocarbures (pétrole et gaz) de la Russie. D'autres illustrent la volonté de la Russie de moderniser et de diversifier une économie trop dépendante des matières premières et extrêmement gourmande en énergie.En dépit de la volonté martelée par l'Union européenne, après chaque crise du gaz en Ukraine, de diversifier ses approvisionnements, la visite de Vladimir Poutine acte la dépendance croissante de l'Europe. Le séminaire de Rambouillet débouchera ainsi sur la signature d'un accord entre GDF et Gazprom entérinant l'entrée du gazier français dans South Stream. Ce gazoduc doit permettre d'importer du gaz russe en passant par la mer Noire. De son côté, EDF discutait encore hier les modalités de son entrée dans le consortium de North Stream qui permettra d'acheminer le gaz russe vers l'Allemagne et le Royaume-Uni.À un peu plus d'une semaine du sommet de Copenhague, la lutte contre le réchauffement climatique est également un sujet phare. La Russie est le troisième émetteur mondial de gaz à effet de serre. Le président russe, Dmitri Medvedev, s'est engagé à réduire de 20 % à 25 % les émissions de CO2 de la Russie.Ainsi, le français Dalkia doit signer des accords avec plusieurs agglomérations urbaines pour la modernisation des réseaux de chauffage. BNP Paribas va s'engager sur le financement de projet visant à la récupération de gaz avec TNK-BP. En contrepartie, la banque acquerra des crédits carbone qu'elle pourra négocier plus tard. De son côté, EDF signera un accord avec son homologue russe sur l'efficacité énergétique, domaine où entreprises françaises et russes ont décidé la création d'un club d'affaires. Le ministre de l'Immigration, Éric Besson, signera également avec la Russie un accord facilitant la circulation des hommes d'affaires entre les deux pays.L'énergie n'est pas le seul domaine de coopération. Renault, pressé par le Kremlin de monter dans le capital du constructeur russe AvtoVAZ, en grande difficulté, dont il détient 25 %, devrait conclure un mémorandum avec son partenaire russe. Même si la question de la vente d'un porte-hélicoptères à la Russie n'est officiellement pas à l'ordre du jour, elle sera abordée par François Fillon et Vladimir Poutine. La France, pourtant membre de l'Otan, est d'accord sur le principe, mais exige que le navire soit construit en France.Seule véritable déception côté russe, Vladimir Poutine ne rencontrera pas le président Nicolas Sarkozy, en déplacement au Brésil et à Trinité-et-Tobago, alors qu'il est toujours perçu par les Russes comme le véritable chef d'État, tandis que Medvedev prend à son compte des thèmes moins porteurs comme la politique étrangère ou la lutte contre l'alcoolisme. Dernièrement, le président russe s'en est vivement pris à la corruption de l'administration. Mais soixante-dix années de communisme ont conduit les Russes à prendre les promesses pour ce qu'elles sont. La cote de popularité des deux hommes a fortement reculé ces derniers mois, Vladimir Poutine chutant à 60 % en novembre, et Dmitri Medvedev à 51 % d'opinions favorables.
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