L'Irlande veut renégocier le plan d'aide

Les Irlandais ont choisi une drôle de rupture. En rejetant violemment le parti au pouvoir lors des élections législatives de vendredi, ils ont choisi comme nouveau leader un homme peu charismatique de 59 ans, député depuis 35 ans, qui a presque la même ligne politique que son prédécesseur.Enda Kenny, leader du Fine Gael, a été très confortablement élu Premier ministre d'Irlande. Son parti a réuni 36 % des voix, devançant largement les travaillistes (20 %) et surtout le parti sortant, Fianna Fáil (15 %). Ce dernier s'écroule littéralement, puisqu'il avait obtenu 42 % lors des élections de 2007. C'est la plus sévère défaite qu'ait connu ce parti qui dominait la politique irlandaise depuis quatre-vingt ans. C'est aussi le premier gouvernement à chuter à cause de la crise de l'euro.Furieux contre le gouvernement sortant, accusé d'avoir très mal géré la crise, les Irlandais se sont tournés logiquement vers le leader de l'opposition. Enda Kenny est pourtant peu populaire : les sondages montrent qu'il convainc moins que son parti. Piètre orateur, il a failli perdre son poste de leader du Fine Gael l'an dernier, quand un groupe de députés de son parti a tenté de le faire tomber, échouant de justesse.Négociations tenduesEnda Kenny n'est pas un nouveau venu. Il est le plus ancien député d'Irlande, depuis 1975, et son père était député de la même circonscription. De plus, il ne se distingue guère de la politique du Fianna Fáil. Les deux partis sont de centre-droit (leur opposition date de la lutte pour l'indépendance dans les années 1920). Enda Kenny a soutenu les quatre plans de rigueur en trois ans imposés par son prédécesseur (même s'il en conteste certains détails). De même, il ne s'est pas opposé au plan de sauvetage du FMI et de l'Union Européenne. En revanche, il s'insurge contre certaines conditions de ce plan. Il veut notamment renégocier le taux d'intérêt de 5,8 %, estimé « punitif ». Il demande aussi que les détenteurs des obligations « seniors » des banques subissent une partie des pertes. Les négociations seront cependant tendues, face au refus de Bruxelles et de l'Allemagne de faire un geste. Elles risquent aussi de se passer dans la précipitation. Enda Kenny se rendra dès vendredi à Helsinki pour une réunion des leaders du PPE (groupe de droite du Parlement de Strasbourg), qui compte 15 chefs de gouvernement européens. Il entend ainsi préparer les sommets de l'Union du 11 mars, puis des 24 et 25 mars, où d'importantes décisions sur la zone euro doivent être prises. Le discret leader irlandais a tout juste quatre semaines pour convaincre ses collègues européens.
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