Vivendi tente un virage dans les médias au détriment des télécoms

L’heure tourne pour Vivendi. En avril dernier, le conglomérat des médias et des télécoms avait annoncé avoir entamé une « revue stratégique » devant aboutir à une refonte du profil du groupe, plombé en Bourse. Le président du directoire Jean-François Dubos, qui a succédé à Jean-Bernard Lévy, a indiqué, au cours de sa conférence de résultats annuels, que « les premières conclusions de cette revue pourraient être présentées lors de la prochaine assemblée générale », qui se tiendra le 30 avril prochain.Vivendi pourra-t-il tenir cet objectif ? Le groupe a tenté ces derniers mois de mettre en vente certains actifs, parmi lesquels l’opérateur brésilien GVT et Maroc Télécom, sans avoir pu l’instant aboutir. Le directeur financier du groupe, Philippe Capron, a laissé entendre aux analystes qu’il avait reçu des offres de reprise, mais pas à des prix satisfaisants. Pour montrer qu’ils n’étaient pas prêts à brader les bijoux de famille, Jean-François Dubos n’a pas hésité à citer Pierre Dac : « Rien ne sert de courir surtout si l’on n’est pas pressé ». Mais il a quand même regretté « la décote de holding » qui frappe le groupe en Bourse. Et Philippe Capron de surenchérir : « Nous ne sommes ni pressés ni contraints à des cessions immédiates, si le prix n’est pas là ». Globalement, en 2012, le chiffre d’affaires global de Vivendi a augmenté de 0,6% à 29 milliards d’euros, et le bénéfice net a reculé de 13,6% à 2,55 milliards.Effet d’annonce dans les médiasMais pour ne plus faire attendre le marché, Vivendi a tenu à donner une orientation à sa stratégie. L’objectif de 2013 est de « se renforcer dans les médias et les contenus » ont indiqué sur tous les tons Jean-François Dubos et Philippe Capron. Une façon comme une autre de dire en creux que l’avenir n’est plus à chercher du côté des télécoms, même si SFR n’est pas à vendre, comme l’a précisé le président. A moyen terme, les investisseurs devront se contenter d’un effet d’annonce. Vivendi a d’abord comme priorité d’alléger sa dette, qui était de 13,4 milliards d’euros fin 2012.« On ne fera pas d’acquisitions tant qu’on n’aura pas fait de cession », a précisé Philippe Capron, en marge de la présentation. Pourquoi prendre les devants sur un virage stratégique qui n’est pas entamé ? « C’est un effet de manœuvre, comme dans l’armée », a-t-il expliqué. D’autant que Vivendi doit aussi déterminer la manière dont il veut se développer dans les contenus. « Tous les scénarios sont ouverts. On pourra soit envisager un adossement à un groupe européen, soit réaliser des acquisitions aux Etats-Unis. Mais nous n’avons pas de cible aujourd’hui », a balayé Jean-François Dubos.Le nombre d’abonnés Canal Plus en baisse Dans l’immédiat, l’heure est à la « digestion » des opérations réalisées en 2012. A savoir la reprise des chaînes du groupe Bolloré D17 et surtout D8. La relance des deux chaînes gratuites sur la TNT a coûté 45 millions d’euros, un quart de cette somme ayant servi à payer les restructurations. En fortes pertes l’an passé, elles devraient atteindre leur équilibre cette année. De son côté, Canal Plus renvoie des signaux mitigés. En France métropolitaine, le nombre d’abonnés a continué de baisser, a admis Philippe Capron. La faute à la conjoncture, mais aussi à la concurrence de nouvelles offres. Qu’il s’agisse de BeInSport ou du développement des offres de vidéos à la demande à l’acte ou en illimité, le téléspectateur a une large palette de choix dans le cinéma et dans le sport. Quant à la polémique qui oppose Lagardère à Canal plus France, dont il est actionnaire à hauteur de 20%, sur la captation de sa trésorerie par Groupe Canal,  Jean-François Dubos a jugé qu\'il s\'agissait d\'une \"gesticulation\".L’inconnue SFRQue veut faire Vivendi de SFR ? Les intentions du groupe sont flous. Pour le moment, pas question de se débarrasser de l’opérateur télécoms, dont la part minoritaire rachetée à Vodafone a été payée au prix fort. « SFR n’est pas à vendre. Nous n’avons jamais dit que SFR était à vendre », a martelé plusieurs fois Jean-François Dubos, qui n’était pas si catégorique, lors d’un entretien en décembre dernier dans les Echos. Pour le moment, la priorité de Vivendi est de réaliser 500 millions d’euros d’économies d’ici 2014. Malmené par l’arrivée de Free sur le marché, SFR a subi une baisse de 13,2% de son résultat brut d’exploitation (Ebidta) à 3,3 milliards d’euros en 2012. L’opérateur télécoms, « a cessé de perdre des clients dans le mobile et a commencé à en regagner dans le fixe », a indiqué Philippe Capron. Pour 2013, SFR anticipe un nouveau recul de 12% de son résultat à 2,9 milliards d’euros, une perspective moins mauvaise que celle attendue initialement. 
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