Mobile : déjà la fin de l'âge d'or d'Android ?

 « L\'âge d\'or d\'Android touche à sa fin. » C\'est un expert reconnu du secteur de la téléphonie mobile, Neil Mawston, du cabinet Strategy Analytics, qui se risque à cette prédiction audacieuse, un brin provocatrice. « Déjà ? » s\'étonnaient des professionnels venus l\'écouter mardi dresser les grandes tendances attendues pour l\'année 2013, en marge du Mobile World Congress (MWC) de Barcelone. Le système d\'exploitation pour mobile de Google, dont le tout premier smartphone remonte à octobre 2008, a connu une ascension fulgurante depuis fin 2010 et atteint un niveau quasi hégémonique : plus de 70% des smartphones vendus dans le monde au quatrième trimestre 2012 en étaient équipés selon le cabinet de recherche (68,4% sur l\'ensemble de 2012).Un vrai raz-de-marée : il y a 1,3 million de nouveaux appareils sous Android activés chaque jour dans le monde et environ 500 millions en cumulé, contre 100 millions en 2011 ! Cependant, « la part de marché de l\'OS de Google a commencé à reculer aux Etats-Unis au deuxième trimestre l\'an dernier (au profit d\'Apple), c\'est un signe : les autres marchés devraient suivre progressivement, en Europe tout d\'abord. Android va donc bientôt approcher son sommet au niveau mondial » avance Neil Mawston.Toutefois, au vu du potentiel encore immense des marchés émergents, « Android a sans doute encore au moins un an à un an et demi de croissance devant lui » tempère-t-il, mais « il est temps de se préparer à l\'après-Android » lance-t-il à l\'attention des opérateurs, constructeurs et aussi développeurs d\'applications.Google a-t-il \"tué\" la marque Android ?D\'ailleurs, Android a déjà disparu au Mobile World Congress, pourtant le grand raout du secteur : Google n\'a pas de stand cette année, à la stupéfaction de nombreux participants. Tous les visiteurs s\'y pressaient pour boire un smoothie gratuit, descendre le grand toboggan comme au Googleplex, récupérer des pins collectors ou personnaliser la coque de son smartphone de stickers ou petits cristaux. Eric Schmidt, le président exécutif de Google, n\'est pas venu assurer son traditionnel keynote. L\'an dernier, il avait déclaré qu\'il rêvait d\'un « Android dans toutes les poches. » Ce n\'est pas encore tout à fait le cas, mais il a réussi à convaincre presque tous les fabricants, à l\'exception de Nokia et BlackBerry, de l\'adopter, le plus souvent comme plateforme unique. Plus besoin d\'évangélisation ni d\'effort marketing donc de la part de Google.« Android n\'est plus à la mode, puisque tout le monde en a, c\'est complètement banalisé » persifle un concurrent. Certains professionnels se demandent plutôt si le géant de l\'Internet n\'a pas en réalité volontairement tué la marque Android, nom d\'une start-up qu\'il avait rachetée en août 2005 (voir le billet de blog de Fabrizio Capobianco). « C\'est toujours dangereux d\'avoir plusieurs marques, cela peut affaiblir la marque principale » relève un expert marketing du secteur.La vraie marque c\'est Google !Le premier indice est apparu l\'an dernier, en mars, lorsque le géant de Mountain View a rebaptisé Android Market, le magasin en ligne d\'applications pour smartphones et tablettes sous Android, qu\'il a fusionné avec d\'autres services Google (Movies, Music, Books), afin de mieux les mettre en valeur, en Google Play. Plus de complexe ni de faux-semblant : la vraie marque c\'est Google. Progressivement, le sympathique logo d\'Android, un robot vert pomme stylisé, a lui-même disparu des brochures des fabricants (la mention même d\'Android aussi parfois) et des comptoirs des stands du MWC, car les constructeurs veulent surtout valoriser leur marque, comme la gamme Galaxy de Samsung, qui a aussi fait de l\'ombre, voire s\'est substituée à Android dans l\'esprit de certains consommateurs. Le logo d\'Android a aussi été évacué de la communication de Google: le moteur de recherche privilégie celui de Google Play en forme de triangle, par exemple sur sa propre gamme de smartphones et tablettes Nexus.Android, un projet « altruiste » ?Certes, Google anime toujours le site Android, et a même organisé mardi soir à Barcelone une grande « Android Party » pour les développeurs et la presse ; surtout il continue d\'investir dans l\'OS, puisqu\'il publie régulièrement de nouvelles versions. « Pourquoi faisons-nous Android, qui est open source, donc gratuit ? En partie pour des raisons altruistes. Et si les gens peuvent accéder à Internet, c\'est bon pour Google. Il peut y avoir des opportunités de business, notamment dans la publicité » confie Hiroshi Lockheimer, responsable de l\'ingénierie de l\'équipe Android et de la gamme Nexus chez Google. En octobre dernier, Larry Page, le cofondateur et directeur général de Google, a dit que le mobile représentait pour le groupe en rythme annuel un business de 8 milliards de dollars, pour l\'essentiel en publicité.Et si Google tablait maintenant sur Chrome OS ? « Android est le nom de l\'écosystème. Android Market c\'est autre chose, en lançant Google Play nous avons voulu investir massivement dans l\'écosystème, notamment pour les tablettes en enrichissant l\'offre de contenus, en permettant de payer sur la facture opérateur, etc » défend de son côté Jamie Rosenberg, responsable des contenus numériques chez Google.Et si finalement Google lui-même se préparait déjà à l\'ère post-Android ? Le moteur de recherche mise beaucoup sur son navigateur Chrome et son système d\'exploitation Chrome OS, qui équipe les ordinateurs Chromebook. « Je suis un heureux utilisateur de Chrome, sur mon ordinateur et sur mon téléphone Android, les deux peuvent coexister, cela dépend des usages, ce n\'est pas grave si cela semble doublonner » répond tranquillement le responsable de l\'ingénierie d\'Android.« Nous entrons dans l\'ère des écosystèmes multi-écrans, qui seront des univers centrés sur le navigateur, ce qui peut expliquer pourquoi Google investit dans Chrome OS » analyse Neil Mawston. C\'est aussi peut-être l\'une des raisons du succès rencontré à Barcelone par Firefox OS, le système d\'exploitation de la fondation Mozilla, soutenu par 18 opérateurs et au moins quatre fabricants, et dont le stand est l\'attraction de l\'édition 2013 du salon mondial du mobile.... Certains ont déjà commencé à anticiper l\'après-Android. 
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.