Les chantiers délicats du nouveau patron

Eric Daniels pourra partir la tête à peu près haute. Le patron de Lloyds Banking Group, qui quitte ses fonctions ce lundi soir, a réussi à redresser la situation juste à temps. Le groupe, numéro 1 de la banque de détail au Royaume-Uni, est repassé dans le vert en 2010, après deux années de pertes catastrophiques.Lloyds Banking Group, possédé à 41 % par l'État, a réalisé un bénéfice avant impôts de 2,2 milliards de livres (2,6 milliards d'euros) l'an dernier, contre une perte de 6,3 milliards en 2009 et de 6,7 milliards de livres en 2008. La principale explication de cette amélioration est simple : les provisions pour créances douteuses ont chuté de 45 %, de 24 à 13 milliards de livres. L'ampleur de ces provisions vient cependant rappeler que Lloyds Banking Group revient de loin. En octobre 2008, en pleine tempête financière, Eric Daniels avait succombé aux sirènes de la convoitise : il avait acquis son concurrent Halifax Bank of Scotland (HBOS), qui frôlait la faillite. En temps normal, les autorités de la concurrence n'auraient jamais permis un tel rapprochement : les deux banques possèdent à elles deux le tiers des comptes courants du pays. Mais face à la crise, Gordon Brown, alors Premier ministre, avait laissé faire la fusion. Ce coup de dé d'Eric Daniels a failli précipiter la chute de tout le groupe. L'Américain avait très largement sous-estimé l'ampleur des mauvaises dettes de HBOS, qui s'était particulièrement exposée sur des prêts très imprudents aux prometteurs immobiliers. Arrivé à la tête de Lloyds mi-2003, Eric Daniels, 59 ans, affiche donc un bilan très médiocre. Le cours de Bourse était de plus de 400 pence à l'époque, et il est aujourd'hui à 60 pence. L'État a dû injecter 17 milliards d'euros fin 2008 pour garder la banque à flot.Deux défis majeursTout cela mérite bien sûr bonus, d'après le conseil d'administration. Eric Daniels reçoit 1,45 million de livres (1,7 million d'euros) pour son départ. « Il aurait dû être viré », s'énervait récemment Peter Hargreaves, cofondateur d'un fonds d'investissement. Son successeur, l'Espagnol António Horta-Osório, hérite de deux défis majeurs. Conformément aux sanctions imposées par Bruxelles, il doit vendre 600 agences bancaires. Il doit aussi faire face à la commission bancaire, réunie à la demande du gouvernement, qui étudie le manque de concurrence du paysage bancaire britannique. Deux chantiers très délicats, qui indiquent que de remonter la pente des années Eric Daniels sera difficile. Éric Albert, à Londre
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