Les groupes miniers deviennent aussi riches que les « majors » pétrolières

« C'est une performance stellaire [...], le meilleur résultat annuel de notre histoire, caractérisé par des records absolus de chiffre d'affaires, résultat opérationnel, marge opérationnelle, génération de cash et résultat net. » Le géant minier brésilien Vale n'a pas caché une certaine exaltation en fin de semaine dernière en annonçant ses résultats annuels. Bénéfice net plus que triplé, de 17,3 milliards de dollars, présenté comme le record historique de l'industrie minière, chiffre d'affaires de 46,5 milliards de dollars, presque doublé par rapport à celui de 2009. Et le plus beau reste à venir, situé un peu plus loin dans la publication : « Les prix plus élevés des productions sont à la source de 82,1 % de la hausse totale du chiffre d'affaires, soit 18,5 milliards de dollars sur 22,5 milliards de ventes additionnelles, la croissance des volumes ajoutant 4 milliards. »Vale, qui compte investir la bagatelle de 24 milliards de dollars dans ses projets en 2011, n'est pas le seul groupe minier à surfer sur ces hausses de matières premières. BHP Billiton et Rio Tinto enchaînent aussi les records et les projets d'investissements titanesques. Plus près de nous, le français Eramet, qui produit du nickel et du manganèse, se sent également pousser des ailes et compte doubler ses investissements en 2011, à quelque 600 millions d'euros. Les gagnants de cette ruée vers les matières premières se retrouvent aussi dans l'amont. Caterpillar a réalisé en novembre sa plus grosse acquisition en rachetant le fabricant de matériel minier Bucyrus pour 8,6 milliards de dollars, traduisant une coquette prime.Les gigantesques groupes miniers qui se sont constitués ces dernières années jouent désormais dans la même cour que les « majors » pétrolières, dont les bénéfices, dopés par le prix du baril, impressionnent toujours. En 2010, les 17,3 milliards de dollars de résultat net de Vale égalent presque les bénéfices de Shell (18,6 milliards) et sont bien supérieurs à ceux de Total (13,6 milliards).Mais la hausse actuelle du pétrole, est lourde de menaces pour les États et entreprises qui le produisent, même si elle dope à court terme leurs rentrées. Car cette inflation, au-delà des risques d'un choc pétrolier qui asphyxierait l'économie mondiale, fragilise la perception du brut comme source d'énergie fiable et accessible et incite les industries utilisatrices à chercher des voies alternatives. C'est la raison pour laquelle l'Arabie Saoudite, qui s'est toujours attachée à préserver ses intérêts de long terme, s'est engagée à alimenter les marchés en cas de crise. C'est aussi celle pour laquelle Christophe de Margerie, PDG de Total, jugeait récemment qu'un prix supérieur à 100 dollars constituait un problème. Olivier Hensge
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