Le Portugal se retrouve sans boussole

Démissionnaire, le Premier ministre portugais, José Socrates, n'en restait pas moins arc-bouté ce week-end sur son credo : son pays n'a pas besoin d'aide européenne. « Le Portugal doit honorer une échéance de 4,3 milliards d'euros à la mi-avril et de 4,9 milliards en juin. Une décision devra être prise avant ces paiements », juge Steve Barrow, chez Standard Bank. « Il apparaît de plus en plus probable que Lisbonne demandera une aide maximale de 80 milliards d'euros », estime Max Leung, chez Bank of America-Merrill Lynch. Le chef de l'opposition (PSD), Pedro Passos Coelho, évoque, lui, la demande « d'un prêt d'urgence pour éviter une situation de défaut du Portugal », d'ici aux élections anticipées, probablement le 5 juin prochain. Le président de la République Cavaco Silva devrait en effet dissoudre cette semaine le Parlement portugais et convoquer ce scrutin dont le centre-droit (PSD et CDS-PP) est donné vainqueur, selon un sondage de l'institut Marktest, avec une majorité absolue. 71,7 % des Portugais ont en revanche une opinion négative du Premier ministre socialiste actuel. Face à la crise, certains souhaitent désormais un exécutif « de consensus élargi », unissant plusieurs forces politiques. Pendant ce temps, les partenaires de l'UE, en premier lieu Berlin, ne relâchent pas leur pression sur Lisbonne pour l'application des mesures de rigueur. objectifs spécifiques« Le gouvernement mais aussi l'opposition doivent non seulement s'en tenir aux objectifs budgétaires de 2012 et 2013 mais également endosser des objectifs spécifiques indispensables pour atteindre les premiers », a martelé la chancelière allemande Angela Merkel, vendredi. Les marchés financiers vont dans le même sens. « Le prochain gouvernement n'aura pas d'autre choix que d'adopter une version du plan de réforme proposé, étant donné l'apparent moindre appétit des investisseurs pour la dette portugaise », estime Eileen Zhang, analyste à l'agence Standard & Poor's qui a dégradé vendredi la note à long terme du pays de A- à BBB. Coincé entre un euro fort et une probable récession cette année, le Portugal souffre d'handicaps structurels. « Le pays a commencé à perdre des parts de marché avant son entrée dans la zone euro en 1999, en raison d'un problème de compétitivité internationale qui était présent depuis un certain temps. Néanmoins, ces pertes étaient en moyenne modestes, de 0,4 % environ par an, pour au total représenter une baisse de 2 % des exportations. Entre 1999 et 2007, la tendance s'est accentuée avec des exportations qui ont reculé de 2 % par an en moyenne, pour atteindre au total ? 16 % », a calculé John Llewellyn, économiste en chef chez Nomura. Par ailleurs, le coût salarial unitaire - qui rapporte le coût horaire de la main-d'oeuvre à la productivité horaire du travail - a progressé de 9 % au Portugal entre 1999 et 2007 tandis qu'il baissait de 12 % en Allemagne. Robert Jules
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