Dubai réactive la construction du plus grand aéroport du monde

Au sud de l'émirat de Dubai, à deux pas de celui d'Abu Dhabi, le ruban de bitume flambant neuf est la première chose qui saute aux yeux après des kilomètres parcourus dans un paysage désertique. Le complexe a encore des airs de mirage : une tour de contrôle solitaire émerge avec à ses côtés un terminal aéroportuaire précédé d'aires de stationnement encore vierges. « C'est ici que les compagnies low-cost, indiennes, chinoises ou autres, vont s'installer », explique un cadre d'ADPI, la filiale ingénierie d'Aéroports de Parise Paris (ADP), qui a conçu l'ouvrage, « au total nous attendons sept millions de passagers ». « La crise qui a frappé Dubaï nous a fait prendre du retard, poursuit-il, mais ce bâtiment devrait être achevé dans l'année. »Il y a donc des frémissements de reprise à Dubaï. Et Al-Maktoum International Airport, ce projet titanesque qui doit faire émerger sur 140km2 de sols arides le plus grand aéroport du monde en fait partie. Ce n'est pas un hasard. Echaudé par la crise financière, l'émirat met aujourd'hui les bouchées doubles pour renforcer son rôle de « hub » commercial. Dans ce contexte, le projet de construire un deuxième aéroport à Dubai, situé à l'est du port de Jebel Ali ? le plus important de la région avec 60 % du trafic - et de sa zone franche, apparaît comme la clé essentielle de cette stratégie basée sur l'import-export. Sur l'aéroport Al-Maktoum, l'activité cargo a d'ailleurs démarré en 2010. Mais, à terme, l'objectif est de porter la capacité à 15 millions de tonnes contre 2,2 dans l'aéroport actuel de Dubai.Saturé en 2018Côté passagers, la croissance justifierait également la construction de ce deuxième aéroport. « En 2010, le trafic a progressé de plus de 15 % », rappelle le directeur exécutif des aéroports de Dubai, Paul Griffiths. « L'aéroport a accueilli 47 millions de passagers aujourd'hui. Mais dès lors qu'il aura atteint les 85 millions, vraisemblablement d'ici à 2018, il sera saturé. Il nous faut anticiper ce seuil fatidique qui nous obligera à basculer certaines activités vers l'autre aéroport ». Emirates, la compagnie nationale, devrait être la première à transférer son activité sur la nouvelle plate-forme.Premier aéroport au monde en 2030, avec 160 millions de passagers. Cette perspective fait déjà trembler les aéroports occidentaux. D'autant qu'Abu Dhabi, l'émirat voisin, n'est pas en reste. Et rêve déjà à voix haute de faire passer à cette même échéance sa capacité à 35 millions de passagers au lieu de 11 actuellement. « À cet horizon là, les aéroports des deux émirats pourraient concentrer 200 millions de passagers. Un cauchemar pour Air France », s'alarme un expert.« Dubai peut devenir un hub puissant, avec, comme il le prévoit pour la décennie à venir, un rythme de croissance du trafic qui sera le double de celui d'ADP », résume Pierre Graff, président d'ADP. « L'exercice a cependant une limite, estime-t-il, une grande part du trafic de Dubaï se fait grâce aux correspondances, et la région n'a pas la même zone de chalandise que l'Europe. C'est un souci, car il va falloir remplir les avions. »
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