La Grèce va restructurer sa dette, selon les marchés

Le spectre d'une restructuration de la dette grecque prend chaque jour un peu plus corps sur les marchés obligataires européens. Bondissant de record en record, le taux des titres de dette à 2 ans grecs a de nouveau grimpé, ce mercredi, de plus de 100 points de base pour dépasser pour la première fois le seuil de 25 %, illustrant, malgré le déni des officiels grecs et européens, la conviction de plus en plus profonde des investisseurs que la situation financière de la Grèce est désormais inextricable. Et que le pays devra à terme restructurer sa dette, c'est-à-dire imposer un allongement du délais de remboursement, voire une réduction des taux d'intérêts et des abandons de créances aux détenteurs d'obligations d'Etat. Depuis la mi-avril, le taux à 2 ans grec s'est envolé de près de 800 points de base, dans un marché obligataire, il est vrai, très volatil en raison du très faible volume des transactions sur les titres hélleniques. « Techniquement inévitable »« Les prix sur le marché obligataire intègrent désormais une restructuration de la dette grecque, car cela paraît techniquement inévitable malgré les mesures de rigueur mises en oeuvre par Athènes », souligne Yves Maillot, directeur des investissements chez Robeco Gestions. Selon les derniers chiffres publiés mardi par Eurostat, le déficit budgétaire grec s'est finalement établi à 10,5% du produit intérieur brut (PIB) l'an dernier, contre 9,4% initialement estimé, tandis que l'endettement culminait à 142,8% du PIB fin 2010. Dans le même temps, la Grèce devrait connaître sa troisième année de récession consécutive en 2011, après une chute du PIB de 4,2% l'an dernier. Dans un contexte envenimé par la demande d'aide du Portugal, le 6 avril dernier, la rumeur propagée la semaine dernière d'une restructuration imminente de la dette grecque après le week-end de Pâques, qui fait d'ailleurs actuellement l'objet d'une enquête des autorités à Athènes, a provoqué des démentis en chaîne. Derniers en date, un membre du ministère des Finances grec a affirmé ce mercredi que ce scénario n'était pas à l'étude, tout comme le Commissaire aux affaires économiques et monétaires Olli Rehn, qui a ajouté que la Grèce avait pris des « décisions importantes » pour « stabiliser ses finances publiques ». Mais le son de cloche diverge à Berlin et attise les tensions. « Je ne pense pas que la Grèce réussira à consolider ses finances publiques sans restructuration dans le futur, et peut-être dans le futur proche », a déclaré mardi Lars Feld, un des conseillers économiques de la Chancelière allemande Angela Merkel.
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