L'immobilier repart en Île-de-France

Simple embellie qui risque d'être contrariée par le retour de la hausse des prix, laquelle pourrait se conjuguer au second semestre à une remontée des taux d'intérêt ? Ou bien illustration d'un vrai redémarrage des marchés ? L'immobilier en Île-de-France a repris des couleurs. Au premier trimestre, 8.180 ventes d'appartements anciens ont été enregistrées à Paris, plus que les 7.780 comptabilisées au premier trimestre 2008 avant la récession, soit une progression de 5,2 % sur deux ans. Les transactions ont aussi repris en petite couronne (+ 5,9 % pour les appartements anciens et + 13,2 % pour les maisons anciennes) et en grande couronne (+ 0,8 % et + 8,5 %), toujours par rapport au premier trimestre 2008. Au vu de ces statistiques, le nouveau président de la chambre des notaires de Paris-Île-de-France, Christian Lefebvre, n'a pas hésité à affirmer jeudi que « l'immobilier échappe à la morosité. Un paradoxe alors que les marchés financiers s'affolent à nouveau, que l'activité économique patine et que les revenus des Français décroissent ». Pourtant, de l'aveu des notaires eux-mêmes, avec 40.580 transactions au premier trimestre 2010 (ancien et neuf confondus), « le marché francilien reste en convalescence », loin des performances des années 2006 et 2007. Ils omettent, en outre, de dire que ce marché a des spécificités tenant à la puissance de la région et à la profondeur de son bassin d'emploi.« On craint tous le W »Fait inquiétant pour les acheteurs, le prix moyen des appartements anciens est reparti à la hausse en Île-de-France de 2,5 %, à 4.550 euros/m2 au premier trimestre 2010, par rapport au quatrième trimestre 2009, au point de se rapprocher du record de l'été 2008 (4.730 euros/m2). La hausse atteint même 3,2 % sur Paris intra-muros où le prix moyen du premier trimestre (6.430 euros/m2) n'est plus très éloigné du sommet de l'été 2008 (6.620 euros/m2). Et les notaires s'attendent à une croissance à deux chiffres des prix au deuxième trimestre sur Paris. Une telle hausse, si elle est avérée, ne risque-t-elle pas d'entraîner un nouveau blocage du marché ? « On craint tous le W », autrement dit une rechute, convient Thierry Delesalle de la chambre des notaires de Paris. D'autant qu'à la remontée des prix, pourrait s'ajouter, au second semestre, celle des taux d'intérêt. « Les conditions de crédit sont tellement exceptionnelles avec des taux à 3,48 % en moyenne en avril qu'une remontée ne pourrait pas casser ce qui constitue une vraie reprise du march頻, estime Michel Mouillart, professeur à Paris X-Nanterre. « En revanche, cette reprise va être heurtée avec des périodes de rémission, qui dureront tant que le marché de l'achat-revente ne se sera pas réellement débloqué. Le redémarrage sera aussi contrarié par le fait que l'obtention de prêts relais reste moins aisée que par le passé et que le retour à la hausse des prix ne pourra pas, comme au cours des années 2000, être compensé par une amélioration des conditions de crédit. Or, plus que la pénurie de l'offre de logements, c'est l'achat et la revente qui alimentent la hausse des prix. »Mathilde Lemoine, directrice des études économiques chez HSBC, est bien plus réservée. « Les ménages ne sont pas prêts à supporter une forte hausse des prix de l'immobilier alors que la correction de ces prix a été interrompue par les pouvoirs publics [qui avaient pris à l'automne 2008 des mesures d'urgence pour soutenir le secteur du bâtiment, Ndlr] », estime-t-elle. Sachant que « le doublement du prêt à taux zéro prend fin dans un mois et que la faiblesse des taux d'emprunt va disparaître, tandis que la remontée du chômage et des prix immobiliers intervenue fin 2009 va peser sur la capacité d'emprunt, la demande de logements pourrait faiblir au second semestre », prédit-elle.
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