Le rêve anglais du parc des Moutiers

Le parc du bois des Moutiers, à Varengeville-sur-Mer (Seine-Maritime), est un petit coin de terre anglaise en France. Il est vrai que les côtes britanniques ne sont qu'à une centaine de kilomètres. Même la petite route qui mène à ce lieu magique fait plus penser au Devon qu'à autre chose, avec ses hauts talus plantés d'arbres magnifiques qui empêchent quasiment tout croisement. Créés en 1898 par l'architecte sir Edwin Lutyens et la paysagiste Gertrude Jekyll, les 12 hectares du parc des Moutiers sont un enchantement permanent. Dès l'entrée, le jardin blanc, adossé à la maison de style Arts and Crafts, émerge de sages bordures de buis. De mars à octobre, roses, camélias, clématites, viburnums et hydrangeas se succèdent en une harmonie jamais uniforme, mêlant leurs parfums suaves et entêtants. Le visiteur, passant d'une tonnelle à une pergola, découvre ainsi des plates-bandes fleuries, à l'ambiance sereine. Cocteau, habitué des lieux, les décrit ainsi dans « le Potomac » : « On traversait, si je m'y retrouve, quatre petites cours de cloître à l'italienne. » De la terrasse de la maison, toujours habitée par la famille de Guillaume Mallet, le premier propriétaire, une perspective époustouflante laisse entrevoir la mer, au-delà de vallons naturels arborés. Alors que la vaste prairie qui descend en pente douce jusqu'à la falaise incite à la rêverie, les promeneurs découvriront les massifs de rhododendrons de l'Himalaya, dont certains atteignent 10 mètres de hauteur. De quoi s'imaginer, un instant, être un des personnages du « Songe d'une nuit d'ét頻, perdu dans une forêt magique. Jamais lassante, la promenade au fil des jardins, des vallons et des clairières entraîne d'un continent à l'autre, passant de la Chine, avec ses azalées, aux iris du Japon, de la rhubarbe géante du Brésil aux cornouillers d'Amérique, sans oublier la magnifique roseraie, qui embaume du printemps aux premières gelées. Et pour fêter le 40e anniversaire de l'ouverture au public du parc, Antoine Bouchayet-Mallet, descendant du fondateur, a programmé, dans le cadre du festival Normandie impressionniste, concerts, théâtre en plein air, soirées de contes et exposition photo tout au long de l'été.Béatrice Delamotte
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