La grande prudence de Danone déçoit la Bourse

La Bourse de Paris a vivement réagi mardi à la publication des résultats semestriels de Danone. Le titre du géant français de l'agroalimentaire a clôturé en baisse de 4,24 %, alors que le CAC 40 gagnait 0,83 %. Pourtant, Danone a revu à la hausse ses prévisions de progression de chiffre d'affaires. Mais il s'est bien gardé de modifier ses perspectives de résultats, ce qui a déçu les investisseurs. Danone, dont le chiffre d'affaires a augmenté de 7 % au premier semestre 2010, s'estime capable d'afficher une progression d'activité de 6 % au moins sur l'ensemble de l'année, soit un point de plus que la hausse initialement prévue. Mais sa marge opérationnelle restera de l'ordre de 15,3 %, comme en 2009, a-t-il indiqué. Le groupe récolte les fruits de sa stratégie de relance par les volumes. Mais il en paye aussi le tribut. Sur le seul deuxième trimestre, le chiffre d'affaires a progressé de 6,9 % en valeur, grâce à une baisse de prix de 2 % et à une hausse de 8,9 % des volumes. L'écart est encore plus flagrant en Europe où, plus qu'ailleurs, Danone fait face au repli de la consommation et à la concurrence des marques de distributeurs. Le groupe a baissé ses prix de 3,7 %, ce qui lui a permis de regagner des parts de marché et d'accroître son volume d'activité de 5,1 %. Mais le chiffre d'affaires en ressort en progression de 1,4 % seulement. Malgré un plan de réduction de coûts de 500 millions d'euros sur l'année - 230 millions ont été réalisés durant le premier semestre -, cette stratégie affecte les marges du groupe. Après avoir atteint 16,03 % au premier semestre 2009, la marge opérationnelle de Danone s'est établie à 15,3 % un an plus tard. Et rien ne laisse penser que le groupe pourra l'améliorer dans les mois à venir. Le prix du lait augmente. « La hausse pourrait atteindre 10 % sur l'ensemble de l'année », a estimé Pierre- André Terisse, le directeur général finances de Danone, en commentant ces résultats semestriels. Le prix des emballages, notamment celui du PET dont sont faites les bouteilles d'eau minérale, est également à la hausse. Autant d'épées de Damoclès. L'Espagne dans le rougeL'environnement économique n'est guère plus encourageant. La consommation est toujours en recul en Espagne, deuxième marché du groupe après la France. L'Irlande, le Portugal, l'Italie et la Grèce sont également dans le rouge. « La France, l'Allemagne, le Royaume-Uni et la Pologne se portent bien », nuance toutefois Pierre-André Terrisse. Du coup, le groupe prévient que la hausse des volumes ne flirtera plus avec les 10 % constatés sur les produits laitiers frais début 2010. Le titre Danone a donc payé mardi la prudence de ses dirigeants. Le groupe souffre aussi sans doute d'être le premier des industriels de l'agroalimentaire à publier ses résultats semestriels, avant l'anglo-néerlandais Unilever, le 5 août, et Nestlé, numéro un mondial, le 11 août. Il y a fort à parier que la conjoncture européenne pousse ces géants à la même prudence.
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