Rothschild, ou la revanche des banques d'affaires indépendantes

Bicentenaire, mais toujours alerte. Telle pourrait être l'esquisse d'un portrait de Rothschild. La vénérable banque d'affaires de l'avenue de Messine, à Paris, s'adjuge la place de numéro un du marché français du conseil en fusions et acquisitions, pour les neuf premiers mois de 2012, selon les données de Thomson Reuters. Avec près de 24 milliards de dollars d'opérations conseillées, Rothschild devance d'une courte tête BNP Paribas (22,9 milliards), qui était abonnée depuis des années à la première place. Rothschild arrive également en tête sur le front des rémunérations, avec 50 millions de dollars de commissions perçues sur les transactions. Là encore devant BNP Paribas et ses 42,8 millions de dollars de «fees».Rothschild, conseil de GDF sur le rachat d'International PowerIl faut dire que Rothschild a été présente sur cinq des dix plus gros «deals» impliquant au moins une entreprise française, au cours des trois premiers trimestres. La banque a conseillé GDF Suez sur le rachat de la totalité du capital d'International Power, une énorme opération de près de 13 milliards de dollars. On la retrouve au côté de Toyota Tsusho Corp, qui a racheté 29,8% du capital du distributeur CFAO au groupe PPR, une opération de 2,2 milliards de dollars. La banque a également assisté Casino dans sa prise de contrôle de Monoprix, et le groupe Accor dans le cadre de la cession de son pôle d'hôtellerie économique en Amérique du Nord au fonds d'investissement Blackstone. C'est encore elle qui a épaulé le groupe minier Eramet lors du rachat de 25,68% de son capital par le Fonds stratégique d'investissement (FSI). Trois opérations qui ont dépassé le milliard de dollars.Lazard en bonne place aussiEn réalité, il s'agit sans doute moins là de la revanche de Rothschild que de celle des banques d'affaires indépendantes sur celles appartenant à de grands groupes comme BNP Paribas, la Société générale ou le Crédit agricole. Car Lazard, une autre maison indépendante, réalise elle aussi une très belle année, s'octroyant la troisième place du marché français du conseil en M&A (mergers and acquisitions), au terme des neuf premiers mois, avec 20,5 milliards de dollars de transactions conseillées. L'an dernier à la même époque, l'établissement franco-américain pointait au 9e rang seulement. Suivant la théorie des vases communicants, la Société générale et la Crédit agricole ont, à l'inverse, respectivement perdu quatre et sept places, pour figurer en 8e et 12e position seulement.La discrétion des maisons indépendantesC'est que, depuis la crise financière de 2008, nombre de chefs d'entreprise ont perdu confiance dans les très grandes banques, qui font tout à la fois du conseil en fusions et acquisitions, du courtage, du financement de projets, etc. Ils leur préfèrent les «pure players» de la banque d'affaires qui, par nature, ne présentent pas de risque de conflit d'intérêt. Ces maisons indépendantes ont pour autre atout une plus grande agilité, liée à leur plus petite taille et, pour cette même raison, présentent moins de risques de fuites d'informations sur des dossiers éminemment sensibles. «Small is beautiful.»
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