Le tourisme et les investissements à Rio profitent d'une meilleure sécurité

Le téléphone n'arrête pas de sonner dans le bureau de Carlos Antonio Pereira, le président de la communauté de la favela Babilonia-Chapeu Mangueira, à Rio de Janeiro. « Nous sommes déjà en train de nous organiser pour le Réveillon. Le 31 décembre 2009, nous avons reçu nos premiers visiteurs. Cette année, la fête doit être mémorable », explique ce petit homme trapu, l'air presque incrédule. Jusqu'à l'année dernière, malgré la vue splendide sur les feux d'artifice, aucun touriste n'aurait osé s'aventurer dans cette favela accrochée à la colline, à l'extrémité de la plage de Copacabana. Mais depuis, des Unités de Police Pacificatrice (UPP), produit d'une nouvelle politique de sécurité, y ont été installées comme dans onze autres favelas. L'amélioration, même timide, de la sécurité obtenue grâce à cette police de proximité encourage l'investissement dans les infrastructures et le tourisme en vue de la Coupe du monde de football en 2014 et surtout des Jeux Olympiques de 2016. Le cabinet de conseil Deloitte calcule que Rio pourrait recevoir 4,8 milliards d'euros. La candidate Dilma Rousseff, dauphine du président sortant Luiz Inacio Lula da Silva et qui - sauf surprise - devrait être élue ce dimanche à la tête du pays, a promis qu'elle généraliserait les UPP au reste du Brésil.Stratégie des autoritésPendant des décennies, la stratégie des autorités consistait à envoyer ponctuellement des policiers à l'assaut des favelas. Les combats se soldaient par plusieurs morts, bandits ou passants innocents, souvent exécutés par la police. Et les gangs revenaient aussi vite imposer leur loi aux communautés. Fin 2008, le gouverneur avait ordonné l'attaque d'une première favela, Dona Marta. Cette fois, pourtant, à son départ la troupe d'élite a été remplacée par 120 policiers communautaires, installés à demeure. « L'objectif, c'est que l'Etat récupère le contrôle de territoires dans lesquels il n'avait plus le droit d'entrer », précise José Mariano Beltrame, le secrétaire à la sécurité de l'État, en précisant qu'un bon tiers des 1.000 favelas de la ville est sous la tutelle du trafic ou de milices. D'ici 2014, il compte porter le nombre de personnes « libérées » de 150.000 à 600.000. La clé de la réussite, c'est de ne pas limiter, comme jadis, la présence publique à la police. Les favelas reçoivent aussi des dispensaires de santé, des centres de formation pour les jeunes et des travaux de rénovation, créateurs d'emplois. « Pour la première fois en vingt ans, le nombre d'homicides diminue et de façon prononcée », reconnaît Ignacio Cano, professeur à l'Université de l'État de Rio de Janeiro. Plus de 40.000 personnes sont encore assassinées chaque année, un chiffre digne d'un pays en guerre.
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