« Il y a un risque de diabolisation de Bruxelles »

La recherche d'une coordination économique renforcée et d'une meilleure discipline au sein de l'UE offre l'occasion d'effacer le mauvais souvenir de la crise grecque. C'est ce qui est en débat cette semaine à Bruxelles, notamment à l'ECOFIN jeudi et vendredi. Mais encore faut-il que les 27 fassent les bons choix pour se doter d'objectifs macro-économiques crédibles et d'outils efficaces pour les faire respecter. Or « si Bruxelles a bien en tête qu'il faut élargir le champ de la surveillance à d'autres variables qu'aux seuls soldes budgétaires, le risque est grand de multiplier les contraintes assorties de nouvelles sanctions pour les États qui ne les respecteraient pas, sans que la cohérence d'ensemble, seul véritable rempart à une nouvelle crise, ne soit assurée », estime Agnès Bénassy-Quéré, directrice du Cepii, lors d'un entretien à La Tribune.RéflexionAu stade actuel de la réflexion, les sanctions pourraient être semi-automatiques, laissant encore au Conseil la possibilité d'en suspendre l'application, comme ce fut le cas avec le Pacte de stabilité et de croissance (Psc). Or, rappelle la chercheuse, « l'expérience du Psc a montré que le Conseil a du mal à sanctionner un État membre ». Et de rappeler le triste épisode du réaménagement précipité du Psc en 2005. « Quant aux sanctions automatiques, elles risquent de creuser encore le fossé entre les populations et les institutions bruxelloises dont elles attendent plutôt de l'aide que des sanctions ».Le risque de « politisation des sanctions et de diabolisation » de Bruxelles plaident pour « confier la responsabilité des sanctions à des agences indépendantes sur le modèle de ce que l'Europe met en place en matière financière », suggère l'économiste. Et pourquoi pas , à côté des sanctions, jouer la carte des incitations : « Pour encourager un État à respecter les objectifs de coordination économique, l'Europe pourrait jouer sur l'accès aux fonds de cohésion ou créer un emprunt européen, moins onéreux que l'emprunt national pour certains pays membres, auquel les États auraient un accès plus ou moins large selon leur respect de la discipline communautaire. » Laurent Chemineau
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