C'est une première dans l'histoire de l'électronique : les ventes mondiales de semi-conducteurs - ces puces électroniques dont fourmillent aussi bien les ordinateurs que les téléphones portables et les voitures - franchiront le seuil symbolique des 300 milliards de dollars (à 302 milliards exactement, soit 219 milliards d'euros), cette année, selon le cabinet iSuppli. Ce montant est très supérieur au marché mondial des PC (ordinateurs personnels), qui devrait s'élever à 245 milliards de dollars en 2010, d'après le bureau d'analyses Gartner. En 2007, année du précédent record des puces, leurs ventes tutoyaient seulement celles des PC autour de 270 milliards de dollars.Tendance de fondComment expliquer l'explosion de la demande de semi-conducteurs, ces puces qui dotent les appareils électroniques de puissance et de mille fonctionnalités nouvelles ? Certes, si les ventes de semi-conducteurs bondiront de 32 % cette année, c'est en partie parce que ce secteur très sensible à la santé de l'économie a traversé une crise profonde en 2008 et 2009, récession oblige. Après une chute de 5 % il y a deux ans, suivie d'un plongeon de 9 % l'année dernière, le marché mondial des semi-conducteurs bénéficie pour 2010 d'une base de comparaison favorable. Et non seulement la conjoncture économique s'est améliorée, mais, surtout, les ventes de puces profitent d'une tendance de fond : la multiplication des produits électroniques. Il y a vingt-cinq ans, un foyer avait au mieux un ordinateur. Aujourd'hui, chaque membre de la famille, ou presque, possède son propre PC. À quoi s'ajoutent désormais les smartphones (téléphones sophistiqués), les consoles de jeux vidéo, les tablettes tactiles comme l'iPad d'Apple, etc.Et puis l'électronique tient une place croissante dans nombre de biens de consommation, la rapidité des progrès technologiques dans l'univers des semi-conducteurs incitant bien des industries à en équiper leurs produits. L'exemple de l'automobile est édifiant. L'électronique, qui pilote notamment les fonctions du moteur et des systèmes de conduite via un boîtier central, représentera cette année, en moyenne, 40 % du prix d'une voiture, selon le géant américain de l'informatique IBM, contre 16 % en 1990.Les besoins en semi-conducteurs sont devenus si importants qu'ils ont débouché sur une pénurie de composants, en 2010. Laquelle « est en train de se résorber », assure Alain Dutheil, directeur général délégué du fabricant franco-italien de semi-conducteurs STMicroelectronics, qui a dû augmenter une partie de ses capacités de production. Malgré cette forte demande, la croissance à deux chiffres sera réservée à cette année. Ensuite, iSuppli table sur une progression de 5,1 % pour 2011. « Le marché revient à la normalité », décrypte Alain Dutheil, pour qui le rythme de croisière du marché des puces oscille entre 5 % et 10 %. 2011 n'en constituera pas moins un nouveau record, avec des ventes de 317,4 milliards de dollars. Christine Lejoux

latribune.fr

27 Oct 2010, 23:20

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