Berlin veut que les investisseurs paient de leur poche en cas de faillite

Face à la fronde des autres pays européens, l'Élysée et la chancellerie allemande ont peaufiné leurs arguments pour la gouvernance économique européenne telle que présentée par eux à Deauville. Si la chancelière Merkel a très nettement déclaré mercredi avant de se rendre au Sommet européen « qu'une simple prolongation [du fonds de sauvetage européen de 750 milliards d'euros décidé en mai dernier, Ndlr] n'est pas possible et que l'Allemagne s'y opposerait », ni elle, ni le Président français ne savent encore précisément quelle forme prendra « le mécanisme robuste de résolution des crises » financières dans la zone euro qu'ils appellent de leurs voeux.réveiller les consciencesL'entourage de la chancelière est cependant très clair sur un point: « le point central est la participation des créanciers privés et que donc à la fin ce ne soient pas les États avec leurs impôts qui soient au premier plan mais que les créanciers privés soient également obligés de participer à ce processus » de sauvetage d'un pays en difficulté. À Berlin on martèle ne pas vouloir « finir où nous étions au printemps dernier » [ lors de la crise grecque, Ndlr], c'est-à-dire qu'au bout du compte le contribuable doive en être de sa poche. En somme, le gouvernement fédéral veut contraindre les investisseurs à y regarder à deux fois avant d'acheter des obligations d'un État chancelant de la zone euro mais à haut rendement, étant jusqu'ici assez sûrs que cet État soit de toute façon renfloué. « Nous pensons que cela va réveiller quelque peu la conscience des marchés financiers ». Berlin prédit même qu'une fois « le mécanisme établi» pour la gestion d'une crise financière, « les investisseurs exigeront des taux supérieurs pour prêter » à des États peu vertueux dans leurs comptes publics.Pour le président de l'eurogroupe, Jean-Claude Juncker, cette idée pourrait se révéler contre-productive : « les investisseurs pourraient aussi ne plus acquérir d'emprunts d'États européens, effrayés par la perspective de pouvoir perdre une partie de leur capital lors d'une faillite (...) ils s'en iraient ». Côté révision des Traités européens, dont la ratification se ferait en même temps que celle de l'entrée de la Croatie dans l'UE, l'Élysée jure qu'elle est nécessaire dans ce cas car « Madame Merkel » a besoin d'un texte inattaquable à opposer à sa Cour constitutionelle. Sauf qu'outre-Rhin, sa majorité a aussi peur d'entériner ainsi un principe de solidarité financière automatique avec les autres États de la zone euro.Frank Paul Webe
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