Vive la France

Juillet 2006. Commissaire artistique invité des Rencontres internationales de la photographie d'Arles, Raymond Depardon s'empare de la ville. Il profite surtout de l'occasion pour mettre à l'honneur ses jeunes pairs. Une quinzaine d'entre eux le retrouvent aujourd'hui à la Bibliothèque nationale de France (site François Mitterrand) où Depardon présente son dernier travail, génial et radical, sur le territoire français. Et tous de lui répondre en donnant leur propre vision de l'Hexagone dans une exposition passionnante, foisonnante, riche de quelque 200 tirages en couleurs, présentée en parallèle de celle du grand photographe.À chacun ses préoccupations. Si Depardon s'est intéressé aux villages et villes moyennes de province, la jeune génération a plutôt porté son regard sur la banlieue, même si Franck Gérard s'est attaché à ce grand-père de 89 ans avec lequel il passait, enfant, ses vacances à la campagne. Ses comparses lui ont préféré le quotidien, l'architecture et l'urbanisme des villes périphériques. Tel Cyrus Cornut. Et l'on se dit en observant ses photos implacables que les architectes responsables de telles horreurs ont dû beaucoup s'amuser à les concevoir, mais sans jamais prendre en compte les gens qui allaient y habiter.Écriture documentaireToutes les grandes questions qui agitent notre société sont ici posées. Celle de l'identité, par exemple, remarquablement traitée par Malik Nejmi qui s'est intéressé à la communauté laotienne d'Orléans à travers de magnifiques portraits. En photographiant les habitants de Bobigny dans leurs activités dominicales, Stéphane Lagoutte pose la question du vivre ensemble. Il y a là l'agriculteur, l'immigré kurde lisant son journal au café, ou ce vieux Marocain posant dans son salon sous le regard de Hassan II alors que brillent sur sa djellaba blanche les médailles de l'armée française. Et il se dégage de cet ensemble une incroyable sérénité.Mais ce qui frappe ici, aussi, c'est l'écriture documentaire de chacun des quatorze photographes. Pour parler des SDF morts de froid, Gilles Coulon a fait le choix de paysages enneigés et silencieux, présentés aux côtés d'un petit texte relatant le décès de ces hommes et de ces femmes emportés par le froid de l'hiver. Et puis, il y a le travail de Marion Poussier, lauréate du prix de Photographie de l'Académie des beaux-arts ? Marc Ladreit de Lacharrière 2010. La jeune femme a posé son appareil dans la cour d'une école primaire, saisissant au passage les amoureux, les meilleures copines, les grands qui jouent au plus fort. Bref, une minisociété qu'elle parvient à capter avec une rare justesse. Elle n'est pas belle, la France ?Yasmine Youssi « France 14 », à la BNF (site François Mitterrand), jusqu'au 21 novembre, www.bnf.fr.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.