Le dollar reprend du poil de la bête.

La correction est saisissante: après s'être à nouveau « vautré » au dessus de 1,4050 pour un euro au lendemain de la réunion des ministres des finances et des banquiers centraux du G20, le dollar a brutalement rebondi mercredi. Au plus haut dans les transactions, il s'est hissé jusqu'à 1,3770 face à la monnaie unique se raffermissant vis-à-vis de toutes les principales devises. C'est ainsi que le billet vert s'est retrouvé propulsé à son meilleur niveau depuis un mois face au franc suisse, à plus de 0,99, après avoir enfoncé un record de faiblesse à 0,9465 le 14 octobre, tandis qu'il se désolidarisait franchement de son point bas de quinze ans par rapport au yen (atteint lundi à 80,40) en venant tutoyer le seuil de 82. Que s'est-il donc bien passé pour infléchir une tendance que les grands argentiers des pays les plus puissants du monde s'étaient montrés si cruellement impuissants à influencer ? Certes, on a assisté à des couvertures de positions courtes (vendeuses) à une semaine du verdict de la Réserve fédérale américaine, dont le conseil se réunit les 2 et 3 novembre. Mais l'explication serait un peu courte si ne s'y ajoutait des supputations sur l'ampleur de la nouvelle vague d'assouplissement quantitatif - le «QE2» - que la Fed s'apprêterait à mettre en oeuvre. Selon le Wall Street Journal, son programme serait nettement plus modeste que ce qu'anticipe la majorité des économistes, qui tablent encore sur des rachats de titres de dette compris entre 500 et 2.000 milliards de dollars. Les «Sages» du conseil opteraient pour une forme de saupoudrage, mettant en place un programme de quelques centaines de milliards s'échelonnant sur cinq à six mois à raison de quelque 100 milliards par mois. Le quotidien des affaires américain, qui explique que la Fed veut éviter l'approche de «choc et d'effroi» qui avait caractérisée la phase 1, ajoute que le montant devrait être ajusté en fonction de l'évolution de l'état de santé de l'économie américaine et du taux d'inflation. Il faut dire que Ben Bernanke, le président de la Fed, qui dès la fin août avait annoncé le retour du QE, est confronté à la fronde de certains des membres du conseil des gouverneurs de l'institut d'émission, très dubitatifs quant à l'efficacité de nouvelles mesures de ce type qui n'ont pas fait leur preuve. D'autant que les toutes dernières statistiques laissent place à un optimisme mesuré. Sur fond de redressement de la confiance des consommateurs, les commandes de biens durables ont rebondi de 3,3% en septembre et les ventes de logements neufs ont fait un bond de 6,6%. Dans ce contexte, l'estimation préliminaire du PIB du troisième trimestre, qui sera rendue publique vendredi, sera décisive. Car, c'est justement le cocktail de statistiques moroses et de la perspective du nouveau recours à la planche à billets qui avaient été à l'origine de coup de torchon sur le dollar, asséné depuis la fin août. Isabelle Croizard
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