Les disques durs soumis à rude pression

Pour la deuxième fois de son existence, le constructeur de disques durs Seagate pourrait faire l'objet d'une opération de rachat par endettement (LBO, leveraged buyout). La première fois, c'était en 2000 pour un montant de 1,8 milliard de dollars proposé par Silver Lake et Texas Pacific Group. Ils cédaient des participations et cherchaient, en parallèle, par cette acquisition à diminuer l'impôt sur les plus-values. Aujourd'hui, la valorisation retenue pour Seagate est de l'ordre de 7 milliards de dollars et Silver Lake et Texas Pacific Group traînent les pieds. Seagate est pourtant bien gérée comme le sont ses concurrents Western Digital et Hitachi, qui vient de se restructurer. Les trois firmes dominent 80 % du marché des disques durs, Toshiba, qui a repris Fujitsu, et Samsung contrôlant le reste. Depuis la crise économique de 2008, la Bourse se méfie un peu de ce segment de marché. La concurrence avec les mémoires flash (mémoire réinscriptible, comme la mémoire vive, et qui conserve les données à l'extinction de l'appareil), a pris de l'ampleur. Au point que d'aucuns se demandent si le marché des disques durs ne va pas purement et simplement disparaître. En témoigne le dernier Macbook Air récemment présenté par Apple. Il est livré en standard avec de la mémoire flash. L'émergence des tablettes comme l'iPad, qui n'utilisent que de la mémoire flash, renforce ce sentiment. Et une tablette achetée, c'est, à priori, une vente de mini-PC ou notebook - et donc d'un disque dur - en moins.De fait, les derniers résultats de Seagate et de son concurrent Western Digital, témoignent d'une pression continue sur les prix de vente. Pour Seagate, le chiffre d'affaires trimestriel a augmenté de 1,2 % à 2,7 milliards de dollars, tandis que le résultat net a reculé de 16,7 % à 149 millions de dollars. Pour Western Digital, le chiffre d'affaires a augmenté de 8,5 % à 2,4 milliards et le bénéfice net a reculé de 31,5 % à 188 millions. Ces résultats traduisent aussi une surproduction : 165 millions de disques durs ont été vendus pendant ce trimestre, générant 5 à 10 millions d'excédent chez les fabricants de mini-PC.Systèmes hybridesConfrontés à cette situation, les fabricants de disques durs ont cherché à fabriquer des systèmes hybrides, mélangeant mémoire flash et disque dur. La mémoire flash est alors utilisée pour le chargement rapide d'un programme tandis que le disque dur traditionnel stocke les données. Ils ont aussi poursuivi la recherche d'avancées technologiques pour diminuer le coût du stockage. Aujourd'hui, le coût de stockage d'un giga-octet de données sur de la mémoire flash est 10 à 15 fois plus cher que sur un disque dur. En augmentant la densité de stockage sur un disque dur, les fabricants espèrent maintenir constant ce ratio. Mais les fabricants de mémoires flash le font eux aussi, et encore plus vite. Le coût de stockage du giga-octet de données baisse de l'ordre de 40 % à 50 % l'an, contre 30 % pour les disques durs. Mais, il faudra attendre un quart de siècle avant que les coûts des deux solutions ne parviennent à parité. Pascal Boulard
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