N'oubliez pas l'Asie du Sud-Est !

L'Asie suscite dans le reste du monde un intérêt sans cesse croissant. Sa réussite économique, doublée d'une grande diversité politique, culturelle, ethnique, ne cesse d'intriguer - notamment en Europe. Contrairement à cette dernière, pourtant, le continent asiatique vient à peine d'entamer un processus de dialogue et d'intégration interrégionale. Pour bâtir un lien avec l'Asie, il convient donc d'adopter une approche multiple.En Europe, on s'accorde à considérer la Chine et l'Inde comme les deux superpuissances émergentes. En revanche, le rôle de l'Asie du Sud-Est, qui se situe pourtant entre ces deux géants, est moins bien compris.Comme région, l'Asie du Sud-Est est aussi vaste que l'Union européenne et compte une population de 550 millions d'habitants. Elle englobe 10 pays, regroupés au sein d'une organisation régionale, baptisée Asean, ou Association des nations de l'Asie du Sud-Est.D'un point de vue économique, l'Asie du Sud-Est est l'une des régions au monde dont la croissance est la plus rapide, avec un taux moyen se situant de 7 à 8 % en 2010. La région a accueilli près de 20 milliards d'euros d'investissements directs, ce qui la classe au rang des destinations les plus attractives, juste derrière la Chine et l'Inde. Cette région compte aussi au nombre des partenaires économiques importants de la France, Singapour est, par exemple, le troisième partenaire commercial de la France en Asie.L'Asie du Sud-Est est également un carrefour des liaisons maritimes. Ainsi, Singapour se situe au coeur des voies maritimes reliant l'Europe à l'Extrême-Orient. Son port, qui reste le premier au monde, a vu son activité cargo augmenter de 10,1 % en 2009, et ce, malgré un recul général du commerce mondial. Singapour est aussi un des centres aériens les plus importants de la région. C'est enfin par l'Asie du Sud-Est que transitent les télécommunications du réseau le plus dense au monde, qui achemine les communications entre l'Europe, le Moyen-Orient et l'Asie du Nord-Est.Pourtant, l'importance de l'Asie du Sud-Est ne se limite pas aux aspects économiques. L'Asean se trouve au centre d'un réseau en mutation, qui englobe les différentes institutions régionales asiatiques. L'Asean a fortement encouragé les grandes puissances à s'engager dans la région. Ainsi, l'Association a-t-elle établi des partenariats reconnus avec les États-Unis, la Chine, l'Inde, sans oublier l'Union européenne. C'est également l'Asean qui conduit les débats du sommet de l'Asie de l'Est (EAS) et du forum régional de l'Asean (ARF), deux instances qui visent à faciliter le dialogue sur des questions aussi bien politiques qu'économiques ou de sécurité. C'est son positionnement d'organisation neutre, ouverte sur le monde, qui a permis à l'Asean de devenir un catalyseur efficace du dialogue régional.Les projets conduits par l'Asean ont encouragé la promotion d'une culture de coopération et de consultation dans la zone Asie-Pacifique, ce qui est loin d'être négligeable dans cette région où les tensions géopolitiques persistent, notamment dans la péninsule coréenne. Bien sûr, de tels processus régionaux ne peuvent à eux seuls résoudre tous les problèmes. Mais leur utilité est à juger sur le long terme.La France s'est toujours montrée un partenaire actif et constructif pour l'Asie du Sud-Est. Grâce à un travail mené en étroite collaboration avec Singapour, le Dialogue Asie-Europe (Asem) a été lancé en 1996. La France fut aussi le premier pays membre de l'Union européenne à conclure, en 2007, un Traité d'amitié et de coopération avec l'Asean.L'engagement de la France en Asie du Sud-Est est apprécié à sa juste valeur. Ces dernières années, presque tous les chefs d'État de la région, dont le Premier ministre de Singapour, Lee Hsien Loong, ont effectué une visite en France, témoignant de l'importance que ces pays attachent à leurs relations avec la France.Dans les années qui viennent, la France et l'Asie du Sud-Est auraient beaucoup à gagner si elles parvenaient à approfondir leurs relations. Tous les pays de la région accueilleraient ainsi très positivement une visite du président Sarkozy en Asie du Sud-Est. En second lieu, l'Union européenne a entamé des négociations avec plusieurs pays d'Asie du Sud-Est, dont Singapour, qui doivent conduire à la signature d'accords de libre-échange. Le soutien de la France à Bruxelles sera important pour la conclusion de ces accords. Enfin, il faut souligner combien le leadership français sera essentiel au renforcement des liens Asean-UE. À l'heure où la France assume la présidence du G20, sa contribution au dialogue Asie-Europe paraît essentielle. Par Burhan Gafoor Ambassadeur de Singapour
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