La révolution du livre numérique est en marche

À peine deux cents téléchargements sur le site de la Fnac pour le dernier livre de Marc Levy, qui s'est tout de même offert un joli coup de pub en proposant son dernier-né « la Première Nuit » simultanément en version papier (21 euros et un tirage de 400.000 exemplaires) et en version livre électronique (16 euros). Marc Levy a beau être le romancier français le plus lu dans le monde avec plus de 17 millions d'exemplaires vendus, il n'a pas réussi à séduire l'internaute. Non pas parce que son livre n'est pas bon, mais tout simplement parce que le marché du livre numérique est encore quasi inexistant.Il a beau faire régulièrement la une de l'actualité, ce marché pèse aujourd'hui dans l'Hexagone entre 30 et 40 millions d'euros, soit à peine 1 % du marché de l'édition. Mais la machine est bel et bien enclenchée et, après des années de tergiversations, il n'y a plus un éditeur pour douter que le livre numérique va petit à petit entrer dans nos foyers. Le livre numérique devrait rapidement peser 5 % du marché de l'édition. À moyen terme les avis divergent, même s'il est clair qu'un jour il sera incontournable.Arnaud Nourry, patron du premier éditeur français Hachette Livre, raconte souvent que tant que les enfants apprendront à lire sur des livres imprimés, ce dernier a encore un bel avenir. Mais, justement, après des années d'immobilisme, l'édition scolaire devrait être un des secteurs les plus en pointe sur le livre numérique. L'idée séduit déjà tous ceux qui déplorent le poids des cartables. Le ministère de l'Éducation nationale a déjà lancé des appels d'offres, mais jusqu'alors aucun dossier n'a été jugé assez bon.Pour la littérature générale, le débat est vif entre ceux qui jurent la main sur le c?ur que jamais ils ne pourront lire un roman sur une tablette électronique et les autres, souvent plus jeunes, pour qui le basculement vers le numérique est inéluctable. L'univers de l'édition jeunesse, avec ses albums riches en couleurs, songe à son avenir sur le numérique. Quant au secteur de la bande dessinée, il devrait lui aussi à terme migrer sur le Net. Les adolescents dévorent déjà des BD sur leur téléphone mobile comme en témoigne le succès de l'application Wallace et Gromit, qui offre gratuitement l'album à lire sur l'iPhone.Éclairés par ce qui s'est passé sur le marché de la musique, les éditeurs promettent de ne pas rester spectateurs de la révolution numérique annoncée. Mais, faute de certitudes sur le modèle économique du livre dématérialisé, ils ne sont pas encore vraiment acteurs. Les plus actifs aujourd'hui sur ce marché, certes balbutiant, ne sont pas issus du monde de l'édition. Il s'agit d'Amazon (lire page 10), un groupe de distribution en ligne, de Sony, un géant de l'électronique grand public, ou de Google, un moteur de recherche. Amazon, qui a lancé aux États-Unis son lecteur électronique Kindle, y vend des versions numériques de livres à un prix le plus souvent de 9,99 dollars. Sony, qui a lancé son Reader Touch, se montre plus prudent. À eux deux, ils devraient avoir vendu 3 millions de lecteurs cette année sur le seul marché américain. Un vrai décollage.Reader ou cybookDésormais en vente en France, le Kindle ne donne accès, pour le moment, qu'à des ouvrages en anglais, en dehors de quelques exceptions. Car les éditeurs ne sont pas prêts à laisser Amazon fixer à leur place le prix d'un livre. Les Français ont donc le choix entre deux autres modèles, le Reader de Sony ou le Cybook du français Bookeen. Entre la Fnac et quelques grandes librairies indépendantes, comme Decitre ou le Furet du Nord, quelque 40.000 livres sont proposés en version numérisée. Le marché bruisse de rumeurs sur le lancement prochain par Apple d'une tablette, histoire de tenter dans le livre ce qu'il a réussi dans la musique avec un lecteur (iPod) et une plate-forme de vente de contenus (iTunes).L'offensive de Google dans le livre est d'une autre ampleur et de nature différente. Il a entrepris de constituer une bibliothèque universelle, en numérisant à tour de bras les livres qui emplissent les plus prestigieuses des bibliothèques de la planète. Au-delà du problème de droit posé par la numérisation sauvage, pour laquelle la justice française vient de le condamner, cette indexation géante permet de découvrir des livres scannés, avec un confort de lecture très inférieur à celui d'une version numérique. Pour le moteur de recherche, il ne s'agit que d'une étape. Aux États-Unis en tout cas, il vendra aussi dès 2010 la version numérique des livres et partagera les revenus avec les éditeurs. Google se mue en libraire. L'offre va se démultiplier. Aux lecteurs de décider la part que le numérique prendra dans les dix années à venir. n
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.