Les difficiles cent jours

JaponYukio Hatoyama, chef du premier gouvernement d'alternance depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, n'a probablement pas fêté au champagne ses 100 jours au pouvoir. Début septembre, il devenait Premier ministre au terme d'élections législatives triomphales pour sa formation politique, le Parti démocrate du Japon (PDJ), sous le slogan « La vie du peuple d'abord ! ». Aujourd'hui, au travers des sondages, ce peuple ne cache pas sa déception envers sa personnalité falote et sans grande conviction. « Quand il était chef du PDJ, il passait le temps pendu au téléphone avec sa femme toute la journée. Il n'a pas chang頻, raille un lobbyiste qui le connaît bien. Heureusement pour le PDJ, son adversaire le Parti libéral démocrate (PLD) est inaudible depuis qu'il a perdu le pouvoir.Plus un dossier est sensible, moins Yukio Hatoyama est en mesure de trancher, au point même de ne pas arbitrer les déclarations contradictoires de ses ministres. Ainsi diffère-t-il sa décision sur le déménagement des bases américaines logées à Okinawa, malgré les injonctions ulcérées de son « partenaire » stratégique américain. Tandis que le dossier du sauvetage du transporteur aérien national Japan Airlines, qui perd 5 millions d'euros par jour, est en ballottage entre le ministre des Finances et son collègue des Transports. Sur le plan économique, le gouvernement Hatoyama a vécu sur la fin des plans de relance massifs déclenchés par son prédécesseur, qui expirent dans les prochaines semaines. 2010 s'annonce comme l'exercice de tous les dangers pour le Japon : ce gouvernement vient d'adopter le plus important budget de l'histoire du pays à un moment où ses recettes fiscales s'effondrent.Plus proche de la chineCet effort sans précédent a au moins permis au Premier ministre de tenir la principale promesse du « candidat » Hatoyama : la mise en place d'un système généreux et universel d'allocations familiales. Ce changement doit théoriquement être la première pierre d'une transformation radicale de l'économie du Japon, dont la croissance serait tirée désormais par la demande intérieure et non plus par la demande étrangère. Il romprait avec trente ans d'immobilisme et vingt ans de stagnation. Mais cette rupture n'arrive-t-elle pas trop tard, alors que la consommation japonaise est désormais le fait d'une population qui vieillit et rétrécit ? La rupture la plus impressionnante est peut-être diplomatique : après avoir pris ses distances avec les États-Unis, le Japon se rapproche avec une vitesse impressionnante de la Chine. Trop impressionnante peut-être : il y a une semaine, l'organisation à la hussarde d'une rencontre entre le vice-président chinois et l'empereur, au mépris du protocole, a scandalisé le pays. Une nouvelle marque de faiblesse pour Yukio Hatoyama selon l'opinion publique, bien expéditive pour un gouvernement qui doit rompre avec cinquante ans de règne du PLD. n
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