« L'incarnation des contradictions françaises »

STRONG>Bruno Roger-Petit, journaliste et écrivainComment est née l'idée de ce livre, de sa construction originale ?C'est le fruit d'une longue maturation. J'ai écrit plusieurs ouvrages sur Mitterrand mais je voulais donner un point de vue sur cet homme si secret. Ce qu'autorise un roman. J'ai donc inventé Philippe, un mitterrandolâtre de la première heure (1934), membre de l'un des multiples cercles d'amis de l'ancien président. Le choix du journal intime, écrit au jour le jour, durant la campagne pour l'élection présidentielle de 1981, permettait aussi bien de revivre cette année clé que de relater, au travers de digressions, des moments beaucoup plus anciens : le Mitterrand d'avant-guerre, Vichy, l'opposition à de Gaulle, etc.Pourquoi ce titre « Authentiquement français » ?Le titre n'a rien à voir avec le débat actuel sur l'identité nationale. Simplement, Mitterrand était l'incarnation parfaite des contradictions françaises. Ce mélange de conservatisme et de rébellion permanente.On croise beaucoup de monde dans votre roman, de François Dalle à Antoine Riboud en passant par André Bettencourt mais pas René Bousquet...Mitterrand cloisonnait complètement sa vie. Ses meilleurs amis ne savaient pas, bien souvent, qui d'autre il voyait. Dans ce contexte, j'ai préféré ne pas faire apparaître Bousquet. Pas plus que je n'ai voulu parler de sa famille, et notamment de sa fille Mazarine, ça ne m'intéressait pas. Je me suis concentré sur l'amitié portée à Mitterrand.Vous insistez également beaucoup sur l'aspect « fin de règne » qui caractérise les derniers mois du septennat de Giscard, c'est un message ?Je n'ai absolument pas voulu établir un parallèle avec la situation actuelle. Mais ce parallèle s'impose tout seul : Giscard était « bling-bling Louis XV », Sarkozy, lui, est « bling-bling tout court » ; Giscard a fait voter la loi sécurité et liberté, Sarkozy, lui, multiplie aussi les textes sur la sécurité. C'est le même vieux réflexe de droite de jouer sur les peurs.Votre description de la presse française, notamment audiovisuelle, de l'époque est aussi très critique. Les choses ont-elles changé ?Certes, il y a toujours une volonté du pouvoir de contrôler les médias, notamment audiovisuels. Mais rappelez-vous qu'en 1981, il n'y avait que trois chaînes de télé et quatre radios nationales. C'est totalement différent maintenant avec l'ouverture des ondes. Donc la situation n'est plus la même. Par exemple, il serait impossible d'imposer aux médias un traitement différent, selon les candidats, des grands meetings électoraux, comme cela se pratiquait jusqu'en 1981.Qu'est-ce qui a radicalement changé d'un point de vue politique depuis 1981 ?Il est triste de constater que la culture du personnel politique s'est appauvrie. Il suffit pour s'en convaincre de comparer le duel télé Giscard-Mitterrand de 1981 avec celui de 2007 entre Sarkozy et Royal. Les thèmes abordés, les attitudes, etc.e sont vraiment pas à l'avantage du deuxième. (*) Éditions Héloïse d'Ormesson, 384 pages, 17 euros.
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