Walmart confronté à une « class action » historique

Débouté par les juridictions inférieures, Walmart va plaider maintenant sa cause ce mardi devant la Cour suprême des États-Unis. L'enjeu est de taille : bloquer la gigantesque « class action » (action judiciaire en nom collectif) intentée à son égard pour discrimination envers les femmes. Le premier distributeur mondial est accusé par d'anciennes et d'actuelles employées de favoriser les hommes en termes de rémunération et de promotion. Potentiellement, toutes les salariées du groupe depuis décembre 1998 pourraient se joindre à cette plainte, soit environ 1,5 million de personnes. Soit plus que les effectifs actuels du groupe sur le sol américain (1,4 million). Cela constituerait en outre la plus importante action en nom collectif jamais menée pour discrimination. Elle pourrait coûter au groupe plusieurs dizaines de milliards de dollars. Dans un dossier similaire, Novartis a été condamné l'an passé à payer 250 millions de dollars de dommages à 5.600 employées.Les neuf sages - qui comptent pour la première fois trois femmes dans leurs rangs - ne se pencheront pas sur le fond du dossier. Seulement sur la forme. Pour Walmart, une telle procédure ne peut en aucun cas être représentative de la diversité des situations. « Ces employées ont été supervisées par des dizaines de milliers de supérieurs différents et dans des milliers de magasins dans tout le pays », explique le premier employeur privé américain. Les plaignants y opposent des statistiques globales. Les femmes représentent 80 % des effectifs de Walmart mais seulement 33 % des postes à responsabilité. Et elles gagnent, à responsabilités égales, entre 5 et 15 % de moins que leurs collègues masculins.Accord à l'amiableMajoritairement nommée par les présidents républicains, la Cour suprême a la réputation de ne pas être favorable aux « class action ». Plusieurs experts estiment donc que Walmart devrait obtenir gain de cause. Les plaignantes devraient alors engager des procédures magasins par magasins voire salariées par salariées. Or, leur nombre constitue une de leurs forces. Et pourrait contraindre le groupe à chercher un accord à l'amiable pour ne pas risquer une condamnation bien plus lourde. « Si cette action est approuvée, cela ouvrirait la voie à de nombreuses autres procédures », avance Robin Conrad, de la Chambre de commerce américaine. Pas uniquement pour discrimination mais aussi pour d'autres motifs. C'est pourquoi une vingtaine de grandes sociétés américaines, comme General Electric, Microsoft et Bank of America ont publiquement apporté leur soutien à Walmart. Ils craignent eux-aussi les conséquences de la décision de la Cour. Elle ne sera pas rendu publique avant la fin juin.
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