Désunis, les « petits » syndicats s'inquiètent pour leur survie

Comment parvenir à franchir le seuil de 10 % des voix lors des élections professionnelles dans les entreprises, puis, à partir de 2013, de 8 % dans les branches et au niveau interprofessionnel ? Depuis l'entrée en vigueur de la réforme de la représentativité syndicale, les « petites » organisations sont en ébullition pour trouver une stratégie qui assure leur survie. Première possibilité, conclure des alliances au niveau national pour atteindre le seuil fatidique. Mais l'échec de la fusion entre l'Unsa et la CGC a sonné le glas d'une stratégie qui a failli coûter à Bernard Van Craeynest son poste de président de la CGC. Les organisations syndicales ont donc effectué un virage à 180°. Et privilégié la présentation de listes communes entreprise par entreprise. L'option est a priori séduisante. Les équipes syndicales ont l'habitude de s'associer sur le terrain pour avoir plus d'élus. Mais le contexte a changé et l'expérience s'avère très souvent décevante. La loi ne favorise guère les alliances. Elle prévoit, en effet, qu'en cas de liste commune, les voix se répartissent selon la règle du 50-50. Ainsi, même si la liste d'union de deux syndicats recueille 16 % des voix, aucun des deux ne sera représentatif puisqu'en vertu de cette clé de répartition chaque organisation reste en deçà du seuil de 10 %. Par dérogation, les syndicats peuvent décider avant les élections de se partager différemment les suffrages. L'un des deux peut, par exemple, « céder » une partie de ses voix à son allié pour lui assurer sa représentativité, en échange du maintien de crédits d'heures ou de moyens. Mais au final, le premier y perd beaucoup. En effet, dans les prochaines années, la représentativité au niveau des branches ou nationalement sera calculée par addition des résultats réalisés lors des élections en entreprise. à trop céder des voix dans des alliances, c'est l'existence même du syndicat qui risque d'être en jeu. « Si, à la SNCF, nous donnons nos voix à FO, nous risquons de perdre de 0,1 % à 0,2 % au niveau interprofessionnel. Ce n'est pas anodin alors que nous sommes limites, avec 8 % à 9 % des suffrages aujourd'hui », souligne Philippe Louis, le secrétaire général de la CFTC. Désillusions« Les alliances sont un vrai piège. Elles ne conduisent qu'à des désillusions et à des frustrations », confirme Sylvain Niel, avocat chez Fidal. Les organisations syndicales sont en train d'en prendre conscience. Et la méfiance s'installe entre elles. La fédération de la métallurgie de la CFTC vient, par exemple, d'appeler ses équipes à « cesser tout partenariat » avec la CFE-CGC, son allié traditionnel dans la branche. Parallèlement, au niveau national, la CFTC et FO font pression pour obtenir une évolution de la loi. La CGC compte, elle, sur l'avantage qui lui a été donné en tant que syndicat catégoriel - sa représentativité n'est calculée que sur les voix des cadres - pour survivre. Un chacun pour soi qui, à terme, peut s'avérer dévastateur...
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