La partie de bras de fer entre l'euro et le dollar continue

Après avoir gagné jusqu'à 0,4 % face à l'euro, le dollar a finalement battu en retraite ce lundi dans le sillage du discours prononcé à Paris par le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet. Dopée par les déclarations du Président de la Fed de Saint-Louis, James Bullard, qui a évoqué dans le week-end la possibilité d'un arrêt prématuré de la politique de « planche à billet » de la Fed, la monnaie américaine avait, dans un premier temps, bénéficié de la hausse plus forte que prévu de la consommation des ménages en février. Très suivie par les intervenants étant donné l'influence de la consommation dans l'activité américaine, la statistique a fait plonger la monnaie unique jusqu'à 1,402 dollar en début d'après midi, son plus bas niveau depuis le 18 mars. Le mouvement s'est violemment inversé quand Jean-Claude Trichet a relancé les anticipations de durcissements monétaires à venir de la BCE, en soulignant que « les différences [entre l'inflation actuelle et le taux cible de la BCE, ndlr] devaient préoccuper car elles pourraient devenir persistantes ». L'euro engrangeait alors 0,2 %, à 1,41 dollar.Marché très agressif« Les anticipations d'augmentation du différentiel de taux avec la Fed continue de soutenir l'euro », explique Jean-François Robin, stratégiste chez Natixis. « Le marché est très agressif et intègre 3 hausses de taux d'ici la fin de l'année, puis 3 en 2012, ce qui devrait porter le taux de refi à 2,5 %. Ceci me semble excessif car Jean-Claude Trichet a explicitement dit qu'il ne rentrait pas dans un cycle de hausse du taux directeur », estime-t-il. Comme l'avait fait entendre Jean-Claude Trichet le 3 mars dernier, il est d'ores et déjà acquis que le taux de « refi », bloqué à 1 % depuis mai 2009, devrait être relevé lors de la prochaine réunion de la BCE, le 7 avril, afin de prévenir un emballement inflationniste. La hausse des prix a atteint 2,4 % en février, alors que « la définition de la stabilité des prix [de la BCE] est en dessous de 2 %, proche de 2 % », a rappelé lundi le président de la BCE.Contrastant avec le ton modéré du président de la Fed, Ben Bernanke, la position de la BCE avait contribué à faire bondir l'euro jusqu'à 1,425 dollar le 22 mars, un plus haut depuis novembre. Le 15 mars, le conseil de la Fed a de nouveau promis de maintenir son taux - aujourd'hui compris entre 0 % et 0,25 % - à un niveau « exceptionnellement bas pendant une période prolongée » et de mener à terme son programme d'achat de 600 milliards de dollars d'obligations d'État d'ici juin, le « QE2 » annoncé en novembre pour relancer l'économie américaine. La prise de position du très influent James Bullard en faveur d'une revue régulière du « QE2 » pour « décider de le finir ou de l'interrompre un peu plus tôt » pourrait signaler une rupture dans la posture « accomodante » de la Fed.
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