Le marché obligataire américain applaudit la décision de Ben Bernanke

Après avoir acheté la rumeur et vendu la nouvelle, selon l'adage boursier, les marchés obligataires américains sont repartis de l'avant ce jeudi. Portés par le verdict de politique monétaire rendu mercredi soir par la Fed, les titres de dette américains ont accéléré leurs gains dans le sillage de la publication du PIB des Etats-Unis du premier trimestre, ressorti comme attendu en hausse de seulement 1,8% en rythme annualisé, après une progression de 3,1% fin 2010. Le taux des obligations d'Etat à 10 ans américaines, qui évolue en sens inverse des prix, baissait ainsi de 5 points de base en fin de journée, à 3,30%.Spéculant sur l'issue de la réunion du Conseil de la Fed, les investisseurs avaient fait tomber mardi soir le taux à 10 ans à 3,29%, son plus bas niveau depuis le 23 mars. Avant de rebondir mercredi jusqu'à 3,37% dans le sillage de l'annonce, sans surprise, que la Fed maintiendra son taux directeur proche de 0% pour une « période prolongée ». Surtout, elle mènera à son terme son deuxième « round » d'achats d'obligations d'Etat (« QE2 » en anglais). Jusqu'ici conditionnée par l'évolution de la conjoncture, l'enveloppe de 600 milliards de dollars annoncée en novembre sera donc intégralement dépensée d'ici juin, un changement de ton inédit pour l'institution.Soutien pour le marchéCompte tenu de la politique de réinvestissement en bons du Trésor des remboursements provenant du portefeuille hypothécaire de la Fed - acquis entre janvier 2009 et mars 2010 lors du « QE1 » - annoncée en août dernier, la banque centrale aura donc acquis d'ici juin environ 900 milliards de dollars d'obligations d'Etat. Dans un environnement économique porteur néfaste aux valeurs refuge, les 630 milliards de dollars jusqu'ici investis ont soutenu le marché malgré les craintes inflationnistes générées par cet usage intensif de la planche à billets. Depuis décembre, les achats de la Fed sont d'ailleurs supérieurs aux émissions de dette américaines (nettes des remboursements), et le taux à 10 ans est revenu au même niveau qu'en début d'année.Conscient que l'arrêt de cette politique pourrait heurter les marchés et faire bondir les taux longs, le président de la Fed, Ben Bernanke, a d'ailleurs souligné que la banque centrale continuerait à réinvestir les liquidités issues des obligations d'Etat et des titres hypothécaires arrivant à maturité pour maintenir la taille de son portefeuille. Or 99 % du portefeuille hypothécaire de 930 milliards de dollars de la Fed arrive à maturité dans plus de 10 ans. Ce qui fait dire à Christian Parisot, économiste chez Aurel BGC, que la Fed pourrait vendre des titres à des sociétés de gestion. « La taille de son bilan ne serait pas modifiée, mais elle pourrait racheter des titres d'Etat sur le marché sans mettre en place un nouveau ?QE3' », estime-t-il. Julien Beauvieux
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