Un think tank proche de Strauss-Kahn se prononce pour la retraite à 65 ans, à longue échéance

"La crise n'était pas prévue": c'est ainsi que le ministre du Travail, Eric Woerth, a justifié vendredi le non respect par Nicolas Sarkozy de son engagement de campagne de ne pas toucher à la retraite à 60 ans, engagement réitéré en mai 2008. Le ministre, qui n'a pas développé plus avant sur ce sujet, a déclaré sur RTL que l'âge légal de départ en retraite pourrait être repoussé à "61, 62, ou 63 ans". Cette décision de repousser l'âge légal, même très progressivement, est contestée par la gauche. Mais une grande partie de celle-ci se prononce néammoins, par réalisme, pour un recul du départ en retraite, après 60 ans. C'est le cas de Terra Nova, think tank rassemblant de nombreux hauts fonctionnaires proches du PS, dirigé par Olivier Ferrand, un proche de Dominique Strauss-Kahn. Effets de moyen termeDans un document publié vendredi, la "fondation progressiste" - tel est son intitulé- , qui a auditionné de nombreux experts et syndicalistes -notamment le monsieur retraite de la CFDT, Jean-Louis Malys-, récuse d'abord l'approche gouvernementale. "Le recul de l'âge légal doit être écarté", affirme Terra Nova. Car cette mesure "ne règlerait pas le problème financier, elle se contenterait de le transférérer au sein des finances publiques". Explication: même une politique volontariste en faveur de l'emploi des seniors ne produirait ses effets qu'à moyen terme. "Dès lors une hausse rapide de l'âge légal aura comme seule conséquence de transformer un "jeune" retraité en "vieux chômeur". Et ainsi de transférer le mistigri du déficit des caisses de retraites aux caisses de l'Unedic" affirme le document. En outre, le recul de l'âge légal est injuste pour les carrières longues, ces salariés ayant commencé à travailler jeunes, qui, à 60 ans, ont déjà acquis plus de 41 ans de cotisation - le minimum requis en 2012-.Taxer les retraités aisés et le capital Que faire, alors? Terra Nova suggère, comme Olivier Ferrand l'avait déjà déclaré, d'augmenter la fiscalité frappant les retraités aisés. En leur ôtant le privilège d'un taux de CSG réduit, en supprimant l'abattement sur l'impôt sur le revenu pour "frais professionnels", en taxant les niches sociales (stock options, actions gratuites, intéressement, participation...), en relevant la CSG sur les revenus du patrimoine ... Pour autant, à la différence de Martine Aubry, Terra Nova n'écarte pas l'idée de de prolonger de manière fortement incitative la durée d'activité. "A problème démographique, il faut une solution démographique" affirme le document, reprenant une formule que ne renierait pas le gouvernement. Le rapport de Terra Nova propose donc de poursuivre l'allongement de la durée minimale de cotisation prévu par la loi de Fillon de 2003 -qui table sur 41,5 années de cotisation en 2020-, "au delà de 2020". L'objectif serait d'atteindre 42,5 années de cotisation en 2050. "Une telle mesure viserait à amener l'âge moyen effectif de départ en retraite autour de 65 ans". Par ailleurs, la fondation préconise une réforme "systémique" , qui jetterait les bases d'un régime unique de retraite, offrant aux salariés un compter personnel. La réforme conduirait aussi à réduire les inégalités, en augmentant la redistributivité.
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