Marée noire : Obama tente de colmater les brèches politiques

Y aurait-il une malédiction louisianaise ? Telle une poupée vaudou transpersée d'aiguilles, l'Etat le plus français d'Amérique porte malheur aux présidents des Etats-Unis. La gestion calamiteuse du gouvernement fédéral après le passage de l'ouragan Katrina, en 2005, avait planté le dernier clou dans le cercueil politique de George Bush. La pire marée noire de l'histoire américaine - plus dévatatrice que celle provoquée en Alaska par l'Exxon Valdez, en 1989 - pourrait à son tour plomber la popularité déjà fragile du président Obama. Son indice de satisfaction générale, en dessous de 50%, avait pourtant tendance à remonter ces derniers temps, grâce au début de reprise économique. Coupable aux yeux de sa fille Selon un récent sondage, réalisé par Gallup pour USA Today, 53% des personnes interrogées estiment que Barack Obama a été "mauvais" sur la crise engendrée par l'explosion d'une plateforme pétrolière dans le Golfe du Mexique, le 20 avril dernier, contre 43% qui considèrent qu'il s'est bien débrouillé. Certes, les citoyens américains sont encore plus nombreux à blamer le gouvernement fédéral (60% parlent de mauvaise gestion) et bien sûr, BP, la compagnie pétrolière qui exploitait le puis (73% pensent qu'elle a mal fait son travail). Mais il n'empêche, le président, qui confiait récemment à la télévision combien il se sentait coupable quand sa fille aînée lui demandait ces derniers jours, en passant une tête dans la salle de bain le matin, s'il avait "réussi à boucher le trou", a décidé d'agir. Il a tenu une conférence de presse, dans laquelle il a avoué avoir fait trop confiance à BP pour donner des informations sur l'étendue du désastre et colmater les fuites. Et il s'est rendu en Louisiane ce vendredi, afin d'écouter le briefing du patron des gardes côtes, responsable de l'action du gouvernement fédéral dans cette crise, et inspecter le dispositif de barrage contre la marée noire, à Port Fourchon. Un président pas très "green" C'est la deuxième fois depuis l'explosion de la plateforme, laissant s'écouler non pas 8 000 barils de pétrole lourd et visqueux par jour, comme l'affirmait BP au début, mais 12 000 à 19 000, que le président se rend dans la région. La brêche a beau être en passe d'être colmatée, il faudra attendre plusieurs jours avant de crier victoire... Et entre temps, il faudra continuer à lutter contre l'idée que la Maison Blanche est restée passive face à un désastre écologique sans précédent. Tout a mal tourné dans cette affaire pour le président. Quelque temps avant l'explosion, Obama avait annoncé qu'il ne s'opposerait pas à l'extension de l'exploration pétrolière offshore. Il a dû revenir sur cette initiative. Puis a dû faire face à des critiques sur le fait que pour un président privilégiant soit disant le "green", il s'était montré peu enclin à renforcer les mesures de sécurité autour des puis. Des dispositifs coûteux que refusaient les majors américaines. Il a également dû essuyer de véhémentes critiques de la part d'un célèbre conseiller démocrate, James Carville, natif de Louisiane, passées ensuite en boucle sur le net. Dur, dur, le job de président Réussira-t-il à endiguer la fuite de popularité ? Peut-être. Ce qui est sûr, c'est qu'il se rend compte que la profession de président n'est pas une sinécure. A commencer par les changements inopinés de calendrier. Son voyage en Louisiane n'était en effet pas prévu au programme. Il devait passer un long week end en famille dans sa maison de Chicago. A Noël dernier, c'est un terroriste sur le vol Amsterdam - Detroit qui avait perturbé ses vacances. En mars, il a annulé un voyage en Indonésie, où il a passé une partie de son enfance, pour soutenir le vote au Congrès concernant l'assurance maladie, une réforme qui traînait désespérement en longueur. Mais un nouveau week end écourté eset peu de chose, comparé à une défaite cuisante aux élections de mi-mandat, en novembre prochain...
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