« Nous ne reviendrons pas tous à la retraite à 60 ans »

STRONG>Pensez-vous qu'il était judicieux pour le PS de déposer un recours au Conseil constitutionnel sur la réforme des retraites ? Comme Robert Badinter, je pense que tout texte majeur doit être examiné dans son ensemble par le Conseil constitutionnel. Les socialistes doivent rester jusqu'au bout combatifs et attentifs aux évolutions possibles de ce texte.Cela ne risque-t-il pas de légitimer le texte que vous dénoncez depuis plusieurs mois comme injuste et inefficace ?Non, la conformité d'un texte à la Constitution n'est pas la garantie de sa pertinence. Mais tout républicain doit, il est vrai, appeler au respect d'un texte adopté par le Parlement, validé par le Conseil constitutionnel et promulgué par le chef de l'État. Quelles leçons tirez-vous du conflit social ?Le président de la République aurait dû faire le choix d'un pacte avec l'opposition et les partenaires sociaux. Je l'avais publiquement espéré. Il a hélas choisi de passer en force pour démontrer sa volonté de réformer. Ce mépris du dialogue social a aggravé le rejet populaire né des mesures inégalitaires de la réforme. Malgré l'intransigeance présidentielle, la responsabilité et la dignité des partenaires sociaux sont pourtant restées exemplaires. Faudra-t-il tout remettre sur la table en 2012 ? Un amendement adopté au Sénat prévoit clairement un réexamen des mesures en 2013. Il prouve, si nécessaire, que nous avons besoin d'une réforme systémique profonde.Mais le gouvernement a réglé le problème immédiat de financement ?Le devoir du politique, c'est de prendre en charge le long ?terme. Quel serait le socle d'une réforme socialiste des retraites ? Nous ne devons pas nier les évidences. Des raisons démographiques et financières mettent en cause la pérennité de notre système de retraite. L'augmentation des annuités de cotisation est donc inévitable. Et nous savons bien que nous ne reviendrons pas tous aux 60 ans. Pour ces raisons, c'est à la gauche de reprendre avec les partenaires sociaux les négociations abandonnées par le pouvoir actuel. Nous pourrons ainsi construire notre programme sur la base de trois conditions préalables : maintenir l'âge à 60 ans pour les carrières longues, intégrer la pénibilité et élargir l'assiette des cotisations à l'ensemble de la valeur ajoutée. En outre, la mise en place d'un système par points permettrait de dépasser la question de l'âge légal, de créer un seul régime ?et d'offrir à chacun la possibilité de construire sa retraite à la carte.Selon les sondages, le PS ne tire pas vraiment profit de la contestation. À quoi est-ce dû selon vous ?Les Français ne sont pas encore convaincus que nous ayons un projet alternatif crédible parce que nous ne sommes pas clairs ! D'où l'importance pour le Parti socialiste de tenir un discours marqué du sceau de la vérité. Cette exigence éthique sera décisive lors de la campagne de 2012. Notamment sur les sujets majeurs des déficits publics et de la fiscalité.
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