L'industrialisation verte de la France encore dans les limbes

Le Grenelle de l'environnement ne peut être apprécié seulement comme un simple recueil de mesures en faveur du développement durable. Implicitement, l'esprit du Grenelle, c'est l'espoir de faire émerger en France de véritables filières vertes, gages d'un renouveau industriel national, propre et durable, accompagné de créations d'emplois pérennes. Un triptyque conceptualisé sous le nom de « croissance verte »Trois ans après le Grenelle, cette industrie verte n'a pas encore pris racine. Les filières solaires (thermique et électrique), éolienne, de la biomasse ou encore de la géothermie sont encore très fragiles. Et les conversions industrielles que doivent opérer les secteurs de l'automobile, des transports ou encore du bâtiment, afin de verdir leurs activités, encore timides. L'industrie solaire emblématique de l'économie verte a certes connu un développement fulgurant à partir de 2007. Alors que la production d'électricité solaire était proche du zéro en 2003, elle atteint fin 2010 une puissance cumulée de plus de 600 mégawatts. Idem pour le solaire thermique dont la surface totale de panneaux posés est passée de 630 mètres carrés en 2000 à plus de 2.000 début 2010. Le problème, c'est qu'en dépit « de l'ampleur des efforts financiers consentis pour le développement d'un marché domestique, la filière française du photovoltaïque n'a pas émergé », note le rapport Charpin publié en septembre 2010. « L'essentiel des panneaux photovoltaïques provient de Chine ou d'Allemagne », indique Daniel Bour, Pdg de Sunnco, installateur français. Pis encore, le rapport Charpin indique que les subventions à la filière photovoltaïque ont conduit à « creuser le déficit de la balance commerciale » de 800 millions d'euros en 2009 puis 400 millions sur les premiers mois de 2010. Cette politique ne profite donc « que très marginalement » aux emplois industriels français. Manque de volonté politiqueLes mêmes problématiques se font jour dans le monde automobile avec le développement de la voiture électrique. Le plan véhicules électriques lancé en octobre 2009 table sur 2 millions de véhicules hybrides rechargeables ou électriques en 2020. Les objectifs sont ambitieux mais en attendant, c'est d'abord et avant tout la prime à la casse, le bonus écologique et les centaines de millions du plan de soutien aux constructeurs qui ont soutenu le secteur et ses emplois. Pas la fabrication de voitures électriques. Il est évidemment inimaginable de compter installer durablement en trois ans une croissance verte et les filières industrielles qui l'alimenteront. Mais hors la question temps « c'est bien un problème de volonté politique », estime l'ancienne ministre de l'Écologie Corinne Lepage, pour qui « le gouvernement a loupé le coche du Grenelle et de l'industrialisation verte ». Dans ce contexte, la décision de Nicolas Sarkozy vendredi d'exclure la zone au large de Noirmoutier des appels d'offres pour la construction de 600 éoliennes en mer en dépit du soutien majoritaire au projet des élus et des pêcheurs locaux, marque un nouveau recul de la volonté politique du président et justifie en creux, le désappointement de Corinne Lepage et de tous les décus de l'après- Grenelle.Rémy J
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