SNCF : les cheminots n'ont jamais fait aussi peu grève

« 2012 a été une année exceptionnelle en termes de niveau de grèves. C\'est le niveau le plus faible depuis 10 ans (en termes de mobilisation, ndlr) », indiquait récemment le président de la SNCF Guillaume Pepy en présentant ses vœux à la presse. Depuis deux ans, le niveau de conflictualité au sein de la société ferroviaire est historiquement bas. En 2012, le nombre de journées perdues par agent pour fait de grève effective s\'est élevé à 0,56, un niveau proche de celui de 2011 (0,499), mais largement en dessous des 3,75 journées par agent SNCF constatées en 2010, une année marquée par deux grèves nationales dont une sur les retraites. En 2007, le nombre de journées perdues par agent étaient de 2,6. Le nombre de préavis et de grèves n\'a pas baissé pour autant. Au contraire, ces dernières ont progressé pour passer de 423 en 2010 à 493 en 2011 et 477 en 2012.Nouveau paysage syndical« Le niveau de 0,5 journée de grève par agent est plus faible que dans les transports urbains », fait remarquer un observateur. Plusieurs raisons expliquent la moindre mobilisation des cheminots. Le paysage syndical a tout d\'abord évolué. Des organisations dites « réformistes », comme la CFDT ou l\'Unsa, ont récolté à elles deux près de 35% des suffrages aux dernières élections du personnel en 2011. Résultat : elles  ont dépassé les 30% des voix nécessaires pour pouvoir signer des accords. Ces deux organisations se rapprochent de la CGT (37,37%, 10 points de moins qu\'il y a une dizaine d\'années). De fait, entre décembre 2011 et décembre 2012, six accords d\'entreprise ont été signés. « Nous sommes plutôt dans la négociation et la construction, rappelle le secrétaire national de la CFDT Cheminots Christophe Dard. Prenons l\'exemple des trains low cost Ouigo. Nous ne défendons pas le low cost mais les positions de la SNCF nous ont conduit à accepter de discuter ». De fait, l\'équilibre des forces a évolué. « Il n\'y a plus depuis deux ans ces grèves unitaires à l\'appel de la CGT que tous les autres syndicats suivaient comme un seul homme. Les autres organisations se démarquent souvent », explique une source qui a requis l\'anonymat. Contactée, la CGT n\'a pas retourné nos appels.Pas touche au statutLe corps social apparaît lui aussi plus mature et plus sensible à l\'opinion publique, exacerbée par les grèves en Île-de-France notamment. En outre, la loi sur le service garanti contribue à réduire la mobilisation. « Les salariés grévistes doivent se déclarer 48 heures avant. Ceux qui ne l\'ont pas fait sont donc moins vulnérables aux pressions des piquets de grève », explique-t-on en interne. A cela s\'ajoute aussi la conjoncture économique. « Les cheminots hésitent à se lancer dans des grèves reconductibles sauf si l\'on touche au statut et à la règlementation du travail», explique Christophe Dard. Le gouvernement compte élaborer en 2013 une loi réformant le système ferroviaire. Pour l\'heure, il n\'y a pas de signes de tensions, même s\'il y aura forcément des moments difficiles au cours de la négociation.  
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