Mesure après mesure, France Télécom ralentit sa marche

On arrête tout, ou presque. Des salariés qui manifestent par centaines à Bordeaux, Clermont, Lyon, Grenoble ou Saint-Étienne. Une direction qui gèle les mutations forcées de ses salariés. France Télécome;lécom semble se vitrifier sous l'effet de la série dramatique qui poursuit l'opérateur depuis juillet. Et sous la pression des politiques et des syndicats, qui ne veulent pas entendre parler de restructuration avant la fin des négociations sur le stress au travail, censées s'achever fin décembre.Olivier Barberot, DRH pour la France, avait pourtant déclaré, il y a quinze jours, qu'il ne comptait pas interrompre la mutation du groupe, « ou alors, la concurrence doit être gelée et la technologie cesser d'évoluer ». Une position ferme que l'opérateur semble avoir adoucie aujourd'hui : « Nous devons continuer à avancer, mais différemment », reconnaît-on chez Orange.Didier Lombard et son équipe tentent de calmer coûte que coûte l'émotion des salariés. Émotion qui s'est transformée peu à peu en colère. À Annecy, sous les huées des salariés, le patron de l'opérateur a annoncé une nouvelle mesure exceptionnelle : la fin « du principe de mobilité des cadres systématique tous les trois ans ». Ce qui signe l'arrêt de mort du plan « Time to Move », lancé depuis 2006 et aussitôt rebaptisé « Tire-toi Maintenant » par les syndicats. Cet abandon intervient peu après celui des restructurations, toujours suspendues jusqu'au 31 octobre. « Victimes et bourreaux »C'est une mesure de bon sens. Il faut laisser la liberté aux trajectoires individuelles et supprimer ce côté systématique », souligne François Terseur, membre du Comité national d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail. « Les cadres sont entre le marteau et l'enclume. Victimes car ils subissent une pression terrible sur leurs objectifs, et bourreaux chargés d'appliquer des consignes contraires à leurs valeurs », ajoute-t-il.En parant une nouvelle fois au plus pressé, l'opérateur ne risque-t-il pas de mettre en danger son avenir ? La période de Noël, traditionnellement féconde pour les ventes de téléphonie mobile, approche à grands pas. Quant aux derniers chiffres de recrutement des abonnés ADSL, ils sont mauvais, Orange étant dépassé par SFR. « Nous devons arrêter tout ce qui est transformation. Mais attention, nous devons continuer de vivre et de s'occuper de nos clients », avertit Xavier Major, délégué central CFDT. « Tout arrêter jusqu'à la fin de l'année est une mesure qui aurait une vraie signification auprès des salariés, et qui n'affecterait pas l'entreprise. France Télécome;lécom fait du cash avec son organisation actuelle », souligne Sandrine Le Roy, déléguée centrale FO. « Surtout, certaines restructurations manquent de sens. C'est au contraire en continuant d'accroître le mal-être des salariés que l'on risque de mettre en péril le groupe », affirme-t-elle. « Nous avons le temps de nous poser pour négocier sereinement », confirme l'opérateur. Selon nos informations, France Télécome;lécom a par ailleurs nommé, il y a une dizaine de jours, un responsable gestion de crise : il s'agit de Jean-Michel Serre, un cadre dirigeant du groupe dans la maison depuis 1983. J. D.
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