L'éditorial de Pierre-Angel Gay

On ne remerciera jamais assez la Grèce et l'Irlande. On ne se félicitera jamais assez des difficultés des pays périphériques de la zone euro, les fameux « PIGS », selon l'acronyme désobligeant inventé par la presse anglo-saxonne. Car, sans eux, sans leurs déficits publics et leurs endettements excessifs, la monnaie unique vaudrait déjà, à coup sûr, 1,50 dollar, voire 1,60, étouffant toute perspective de reprise économique sur le Vieux Continent. Sans l'heureuse diversion, la confusion que les Pigs instaurent dans les esprits et sur le marché des changes, financiers et spéculateurs se concentrerait sur le seul vrai problème qui mine la sortie de crise?: le déclin américain. Interrogez des patrons revenant d'outre-Atlantique. Tous décrivent un pays ruiné par une guerre inutile, étouffé par un chômage de masse d'autant plus insupportable qu'il est culturellement rejeté et qu'il n'existe pas de filet social à l'européenne. Tant qu'il perdurera, la consommation et l'immobilier ne donneront pas de signe de reprise. Les États-Unis sont menacés d'un scénario à la japonaise, d'un risque de déflation rampante. Pour sortir de l'ornière, ils n'ont d'autre choix, comme l'a laissé entendre le président de la Fed, Ben Bernanke, que de remettre de l'argent dans le système. Dans le désordre monétaire actuel, ce n'est donc pas le risque d'éclatement de la zone euro qui menace le monde, mais bien celui d'un effondrement du dollar. Déjà, sa dépréciation inquiète la Chine, alarme le Brésil, assomme la Suisse et le Japon. Dans cette drôle de guerre monétaire dont la hausse de l'euro n'est souvent qu'un dégât collatéral, l'Europe n'a qu'un atout. Qu'un bouclier?: les Pigs?! [email protected]
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.