Ce mot en R... à ne pas prononcer

Mai 2010. La droite se déchire. Au coeur de la querelle qui oppose l'exécutif à certaines des figures de la majorité, une controverse autour du mot rigueur. La consigne est pourtant claire?: l'utilisation de ce mot est tabou. Nicolas Sarkozy, qui connaît son histoire politique sur le bout des doigts, se souvient que, si la gauche l'a emporté en 1981, c'est en surfant notamment sur le thème du refus de la rigueur incarnée à l'époque par Raymond Barre. Pourtant, Jean-François Copé n'hésite pas à mettre les pieds dans le plat. « Moi, le mot que j'utilise c'est le mot de rigueur, après tout on n'est pas là pour se battre sur les mots », assène le patron des députés UMP. Quant à François Fillon, il commet l'irréparable en juillet dernier, lors d'un voyage au Japon, en lâchant à son tour le vilain mot en r... avant de se livrer, quelques heures plus tard en Nouvelle-Calédonie, à un louable exercice de rétropédalage. Et que dire de la bourde sémantique de Christine Lagarde ? Elle associe rigueur et relance en un désormais célèbre « rilance ». Ce néologisme a fait ri-caner - résultat du mariage entre rire et cancaner - plus d'un conseiller à l'Élysée, mais a surtout provoqué la colère du chef de l'État.Le bouclier fiscal tient la vedetteL'autre tabou de ce budget, c'est la « hausse d'impôts ». Puisque le président n'a pas été élu pour augmenter les impôts, le gouvernement fait la chasse aux niches fiscales. Sur ce terrain, c'est le Premier ministre qui a le plus rapidement brisé la langue de bois en admettant que cette politique de réduction d'avantages fiscaux revient à des « hausses d'impôts ciblées ». Les niches fiscales vont donc être soumises à un coup de rabot, lequel jugé insuffisant est ramené à un simple coup de lime à ongles par le rapporteur général du budget à l'Assemblée, l'UMP Gilles Carrez. Quant au bouclier fiscal, égratigné puis transpercé par de multiples flèches, il a été ces deux dernières années la vedette incontestable des débats budgétaires, nul doute qu'il sera encore sur le devant de la scène lors des débats de cet automne. Au grand dam d'une partie de la majorité qui traîne désormais ce bouclier comme un boulet. Anne Eveno
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