Les grands perdants

? 31.638 postes de fonctionnaires supprimésCe sont les premières victimes de la politique d'économies de l'État. En vertu de la règle du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, le projet de loi de finances pour 2011 prévoit la suppression de près de 32.000 postes. C'est certes un peu moins qu'en 2010 (33.749), les départs à la retraite ayant été légèrement moins nombreux. Au total, entre 2007 et 2013, ce seront 197.000 postes qui auront été sacrifiés sur l'autel des économies budgétaires. L'Éducation nationale étant le plus gros employeur et le premier budget de l'État (61,8 milliards d'euros en 2011), les enseignants sont ceux qui paient le plus lourd tribut?: 16.120 postes en 2011, ce qui porte à quelque 65.000 le nombre de postes supprimés depuis 2007. Le ministère de l'Éducation nationale assure que cette saignée est indolore, puisqu'il y a quinze ans on comptait 45.000 professeurs de moins pour 700.000 élèves de plus. Mais les enseignants craignent que la poussée démographique observée depuis les années 2000 pèse à terme sur leurs conditions de travail. ? Un budget pour l'emploi en stagnationEn très légère hausse de 0,5 % en 2011, les crédits de la politique de l'emploi (11,46 milliards) seront fortement en baisse en 2012 (10,03 milliards d'euros) et 2013 (9,2 milliards d'euros), indique le projet de loi de finances. Et ce, alors que le chômage n'a pas entamé sa décrue (9,3 % au deuxième trimestre 2010). Une partie des fonds provenant des entreprises pour la formation professionnelle sera mobilisée pour le financement de dépenses jusqu'alors assurées par l'État dans ce domaine (300 millions d'euros). Une « ponction » que regrette le Medef, estimant que « ce transfert de charges diminue d'autant les moyens que les partenaires sociaux et l'État avaient d'un commun accord décidé d'allouer à la qualification ou à la requalification des salariés et demandeurs d'emploi ». La subvention à Pôle emploi sera reconduite au niveau de 2009 (1,36 milliard d'euros). Ce que les syndicats estiment insuffisant. « Les gains de productivité et les synergies engendrées par la fusion [ANPE-Assedic], ainsi que l'inflexion attendue courant 2011 libéreront des effectifs », selon le projet qui confirme la « non-reconduction de 1.500 CDD et contrats aidés créés temporairement pour faire face à la crise, ainsi que 300 CDI en fin d'année. » Les moyens consacrés aux contrats aidés diminueront légèrement (340.000 dans le secteur associatif et public, 50.000 dans le privé) et le taux d'aide de l'État sera ramené au niveau d'avant-crise. Seule nouveauté?: l'aide versée aux employeurs pour l'embauche de demandeurs d'emploi de 55 ans ou plus (50 millions d'euros en 2011). ? Les crédits de la Ville et du Logement rognésLa majeure partie des crédits affectés à la Ville et au Logement (7,61 milliards d'euros, en baisse de 2,6 %) ira à l'accès au logement (5,28 milliards d'euros), devant la prévention de l'exclusion et l'insertion des personnes vulnérables (1,18 milliard d'euros) ou la politique de la ville (618 millions d'euros). Mercredi, le secrétaire d'État au Logement, Benoist Apparu, a précisé qu'« en y ajoutant les dépenses fiscales, de l'ordre de 12 milliards, c'est environ 20 milliards que nous investissons ». Mais il devra piocher dans les fonds d'Action Logement (ex-1 % patronal), gérés par les partenaires sociaux et puiser dans ceux du mouvement HLM pour financer l'Agence nationale de l'habitat et l'Agence nationale pour la rénovation urbaine. La principale nouveauté est le renforcement du PTZ (prêt à taux zéro). Le futur PTZ+ sera réservé aux primo-accédants sans conditions de ressources. Son coût pour l'État devrait passer de 1,2 à 2,3 milliards d'euros. Le budget de la mission « Ville et Logement » baissera en 2012 (à 7,56 milliards d'euros) et en 2013 (à 7,49 milliards). Clarisse Jay et Isabelle Moreau
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