L'accueil chaleureux des marchés

La Bourse a fait bon accueil à l'augmentation de capital de 4,3 milliards d'euros de BNP Paribas. Hier après-midi, le cours de la banque signait la plus forte hausse de l'indice CAC 40, avec un gain de 3,25 %, à 58,41 euros. Lafarge et Saint-Gobain, qui avaient ouvert le bal des augmentations de capital début 2009, n'avaient pas suscité pareil enthousiasme. L'annonce des levées de fonds du cimentier et du fabricant de matériaux de construction, d'un montant de 1,5 milliard d'euros chacune, avait été sanctionnée par les marchés. L'action Danone avait subi le même triste sort fin mai, lorsque le groupe d'agroalimentaire avait dévoilé son projet de lever 3 milliards d'euros.Pourquoi une telle différence de traitement pour BNP Paribas ? « Il y a quelques mois, les investisseurs refusaient de prendre des risques », explique Pierre Sabatier, président de la société de gestion PrimeView. La crainte d'une récession économique battait en effet son plein. Pas question, donc, pour les gérants de portefeuilles et les particuliers, d'investir sur des actifs aussi risqués que les actions. Il y a encore six mois, un groupe n'avait pas plus tôt annoncé une augmentation de capital que les investisseurs l'imaginaient déjà au bord de la faillite, persuadés que cette levée d'argent frais correspondait à un besoin urgent de liquidités. D'autant plus que ces augmentations de capital étaient proposées à prix bradés pour attirer les souscripteurs, avec des décotes allant jusqu'à 50 % par rapport au cours de clôture précédant l'annonce de l'opération. Dans le cas de BNP Paribas, la décote n'excède pas 29 %. Et elle est basée sur un cours qui a rebondi de 90 % depuis janvier.grande réactivit髠La psychologie du marché a changé, les investisseurs sont bien moins inquiets aujourd'hui », insiste Pierre Sabatier. Non seulement les signaux de reprise économique se sont multipliés ces derniers mois, mais les entreprises ont également fait preuve d'une grande réactivité afin de s'adapter à la récession. Elles ont taillé dans leurs coûts, à tel point que leurs résultats semestriels se sont révélés très supérieurs aux prévisions des analystes financiers. Désormais rassurés sur la santé des sociétés, les investisseurs sont plus enclins à les financer.Surtout qu'ils en ont les moyens. « Beaucoup de liquidités demeurent investies dans les actifs monétaires, moins risqués que les actions, mais beaucoup moins rémunérateurs », rappelle Pierre Sabatier. Résultat, les gérants qui, par excès de prudence, ont raté le rebond de la Bourse depuis le mois de mars guettent toute opportunité de placer leurs liquidités en actions. Il y a donc fort à parier que les prochaines augmentations de capital rencontreront un accueil aussi chaleureux que celle de BNP Paribas. Car il y aura sans nul doute d'autres levées de fonds dans les prochains mois, qu'il s'agisse du secteur bancaire ou de groupes industriels désireux de financer des acquisitions. Du pain sur la planche pour les banquiers d'affaires. Christine Lejoux
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