Procrastinations japonaises sur le yen

changesRarement ministre des Finances japonais aura été aussi équivoque sur le yen. Une ambiguïté qui semble être la marque de fabrique d'Hirohisa Fujii, en poste depuis à peine quinze jours. Après avoir pris le contre-pied de ses prédécesseurs, désormais dans l'opposition, le nouveau responsable des finances nippones a dû faire hier une brutale volte-face. D'emblée, Fujii, et pas plus tard encore que lundi, avait estimé qu'un yen fort était positif pour la demande intérieure, affirmant que cette opinion était partagée par le nouveau gouvernement. Au passage, il avait aussi laissé entendre que l'interventionnisme en matière de change, abondamment pratiqué par la plupart des anciens responsables du PLD, était contreproductif. Le coup de boomerang qui l'a immédiatement assommé a eu le mérite de lui rappeler la règle cardinale des marchés : moins on en dit, moins on prend de risques. De toute évidence, Fujii, qui n'est pourtant pas né de la dernière pluie puisqu'il a brièvement occupé le même poste il y a seize ans, ne s'attendait pas à déclencher un mouvement d'une telle ampleur. La monnaie de l'archipel s'est retrouvée propulsée à son plus haut niveau depuis huit mois face au dollar, se hissant jusqu'à 88,25, en dépit des taux voisins de zéro dont elle est assortie. Face à une telle situation, le nouveau ministre s'est d'abord défendu de plaider en faveur d'un yen fort avant de laisser planer la menace implicite d'une intervention sur le marché des changes si les mouvements de la monnaie nipponne devenaient désordonnés. crédibilité entaméeCar un yen vigoureux a de tout temps constitué une entrave pour un pays aussi fortement dépendant de ses exportations que le Japon, tandis qu'il risque d'aggraver les pressions à la baisse sur les prix dans une économie laminée par la déflation depuis plus d'une décennie. Les atermoiements d'Hirohisa Fujii risquent néanmoins d'entamer la crédibilité du gouvernement auprès des marchés financiers, même si le yen est rentré dans le rang en refranchissant hier en fin de journée le seuil de 90 pour un dollar. Et de jeter le discrédit sur les menaces d'interventions, du moins tant que le yen ne retrouve pas le sommet de treize ans face au billet vert atteint en janvier à 87,10. Isabelle Croizard
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