Comment Berlin a fixé les conditions de la solidarité dans la zone euro

Le Conseil européen du 16 décembre devrait clore l'épisode le plus périlleux de la refondation de l'Union monétaire lancée il y a six mois avec l'aide à la Grèce. Les chefs d'État et de gouvernement apposeront alors leur sceau sur le principe d'une participation des créanciers privés à la résolution d'une crise de solvabilité dans un État de la zone euro. « L'accord politique a été bouclé, la décision des chefs est prête en pratique », assurait hier une source proche des négociations. Reste à peaufiner les « détails » tels que la nécessaire modification du traité.Au cours des semaines et des jours passés, le tapis du billard à multiples bandes de la négociation européenne a chauffé. Le début de cette dernière partie remonte à mi-octobre quand la chancelière Angela Merkel pose ses conditions pour que l'Allemagne continue à payer : la participation du secteur privé doit faire partie intégrante de la pérennisation du système de stabilisation de l'euro. Elle affole les marchés, fait râler le président de la Banque centrale européenne, mais aiguillonne également ses partenaires, à commencer par Paris, qui signe quelques jours plus tard la « déclaration de Deauville », où le principe en est repris.« Clauses d'action collective »Au sommet des 28 et 29 octobre, Berlin doit consentir à une modification « limitée » du traité, ce qui fait passer à la trappe les plans échafaudés depuis des mois. « Il a fallu tout reprendre à zéro sur cette base », indique une source berlinoise. Quelques jours avant la réunion de Séoul des 11 et 12 novembre, l'administration berlinoise stabilise finalement une position interministérielle, tandis qu'à Bruxelles la Commission travaille sur les fameuses « clauses d'action collective », qui sont au centre de l'accord noué dimanche. Quand la crise irlandaise entre dans sa phase aiguë, personne n'a encore communiqué de façon précise sur l'hypothèse dérangeante du défaut d'un État et de la participation des créanciers privés, ce que Paris presse Berlin de faire. Le plan irlandais en fournit le prétexte. En une heure, dimanche, l'accord à Vingt-Sept a été finalisé. A 19 heures, devant la presse, le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker, en partance pour la Libye, se contente de lire un communiqué. Le président de la Banque centrale, Jean-Claude Trichet, acquiesce à l'accord. « C'est une clarification utile », dit-il. Il aura fallu finalement à peine six mois à Berlin, depuis le premier plaidoyer de Wolfgang Schäuble pour un Fonds monétaire européen doté d'un mécanisme de défaut ordonné, pour faire acter les nouvelles conditions de la solidarité financière entre pays de la zone euro.
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