Les gérants croient toujours aux

Par opposition à la gestion traditionnelle, où l'initiative d'investir relève du seul gérant, la gestion quantitative s'en remet principalement aux modèles mathématiques et donc aux ordinateurs. La crise a mis à mal les applications mathématiques (ou plutôt les hypothèses qu'on y met), qui pensaient pouvoir trouver le prix exact des produits structurés, notamment des subprimes. « Mais cela ne remet pas en cause tous les modèles », nuance François Bonnin, président de John Locke Investments, société de gestion alternative.En 2008, certains modèles s'en sont en effet bien sortis, comme les stratégies dites CTA ou « managed futures », c'est-à-dire les produits investissant sur des contrats futurs. Ainsi, le fonds AHL, géré par Man Group, a progressé l'an dernier de 33 %. Avec 22,3 milliards de dollars d'encours, AHL représente près de 10 % de l'ensemble du marché des CTA. Les meilleures périodes pour ce type de fonds sont « les booms et les crashs, quand il y a de vraies tendances », indique Tim Wong, directeur de AHL. « Nous cherchons dans l'historique des prix des phénomènes qui se répètent afin de définir les tendances à venir », explique François Bonnin qui gère un fonds CTA. Sur le moyen terme, cette stratégie est plutôt gagnante au regard de l'indice CTA calculé par l'Edhec puisque, depuis 2001, elle délivre en moyenne 7,4 % par an.Ces gérants étant des « trend followers », l'absence de tendance les affecte. C'est le cas en 2009. Sans oublier le « quantitative easing » , qui a pesé sur les taux et les performances des fonds CTA. D'ailleurs, AHL perd environ 15 % depuis le début de l'année. « Nous avons beaucoup perdu sur le marché obligataire, explique Tim Wong. Avec la crise, les investisseurs se sont précipités vers les obligations, mais ensuite, les gouvernements ont émis beaucoup de dette. Les rendements obligataires ont donc fortement oscillé. » Pour François Bonnin, « la seule vraie tendance en 2009 porte sur les actions. D'ailleurs, il y a eu plein de signaux mais beaucoup de faux départs ». Ce spécialiste recherche de nouveaux modèles mathématiques permettant de dégager de la performance même sans tendance.Une autre stratégie utilisant les mathématiques, dite gestion quantitative fondamentale, cherche aussi de nouveaux modèles pour faire face à la crise. Son objectif est, entre autres, de traiter de façon objective et à l'aide d'outils informatiques les données économiques et financières réelles. « Cette approche ne repose pas uniquement sur les prix de marché mais intègre également des données macroéconomiques, microéconomiques », explique Sandrine de Meyer, strategy analyst hedge fund chez Unigestion. Chez Sinopia, le spécialiste de la gestion quantitative de HSBC Global Asset Management, « nous appliquons une approche quantitative fondamentale en utilisant certaines variables dans un cadre formalis頻, indique Jean-Charles Bertrand, responsable de la gestion obligataire et « absolute return » de Sinopia. « Mais le manque de visibilité sur l'environnement économique rend difficile cette approche », estime Sandrine de Meyer.De fait, cette approche avait déjà souffert en 2007, et plusieurs leçons en ont été tirées. C'est le cas chez Sinopia. « Tout en gardant notre philosophie, nous avons adapté nos modèles pour s'ajuster à l'environnement de marché en donnant plus ou moins d'importance à telle ou telle variable ou à des effets court terme », déclare Jean-Charles Bertrand. Ainsi, « nous avons mis en place une approche contextuelle ce qui permet, même en période de forte volatilité, de dégager de la performance », ajoute le spécialiste. Les équipes de recherche ont donc travaillé sur des variables à plus court terme. Qu'en est-il en termes de contribution à la performance ? Les gérants comparent celle des critères, ce qui les aide à trouver la bonne combinaison entre les différentes approches.La crise a forcé les gérants quantitatifs à réfléchir à de nouveaux modèles. Comme le rappelle Tim Wong, « ce n'est pas une science exacte. Nous passons notre temps à nous demander s'il ne faut pas changer nos modèles ». Pour autant, personne ne songe à abandonner les mathématiques. Les scientifiques ont encore un bel avenir dans la gestion d'actifs.
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