« Plus les modèles sont simples, plus ils sont efficaces »

Quel est le rapport entre la construction des plates- formes pétrolières offshore, le téléguidage de missiles, et les prévisions météo ? Réponse : ces trois techniques ont recours à des modèles mathématiques et sont actuellement utilisées dans la gestion financière quantitative. Ceux-ci ont été créés pour prévoir certains événements ? la hauteur des vagues en mer du Nord, ou la trajectoire d'un missile ? et ont peu à peu été détournés pour tenter de deviner la direction des marchés financiers.huiler les rouagesLe problème est que le passage de la théorie mathématique à l'application financière est lent et compliqué. C'est pour tenter d'huiler les rouages et faire se rencontrer chercheurs et gérants que Man Group, société de gestion qui gère AHL, l'un des principaux fonds quantitatifs au monde, a créé voilà trois ans le Oxford-Man Institute.Récemment emménagé dans un bâtiment flambant neuf à Oxford, face à un vieux cimetière entouré de verdure, l'endroit fait se rencontrer près de soixante-dix chercheurs et thésards travaillant soit directement pour Man, soit menant des travaux plus théoriques pour l'université.La principale leçon jusqu'à présent ? « Les gérants ont tendance à se laisser aveugler par la science et les mathématiques, avertit Anthony Ledford, le directeur de la recherche. Or nous savons qu'il y a énormément d'incertitudes et qu'il ne peut y avoir qu'un degré limité de prédictibilité. »Rémy Cottet, un Français qui travaille à l'Oxford-Man Institute, a longtemps été chercheur dans une université australienne, planchant sur des travaux très théoriques. Désormais réfléchissant à des modèles directement applicables pour Man Group, il constate que les gérants utilisent avant tout des modèles très simples. « Côté universitaire, on essayait toujours d'avoir des modèles très compliqués. Ici, quand on fait des modèles de prévisions, plus c'est simple, plus c'est efficace. » Selon lui, cette simplicité est nécessaire, parce qu'elle est la seule façon de mettre à jour de vraies tendances. Mais c'est aussi, naturellement, la limite des modèles.Quelle est la prochaine invention sur laquelle planche l'Oxford-Man Institute ? L'une d'elles concerne l'exécution des ordres de courtage. Si presque tous ceux concernant les marchés futurs d'actions et de devises sont faits par des machines, parce que la vitesse d'exécution y est essentielle, ce n'est pas le cas pour les marchés qui ont des volumes moins importants, par exemple pour les matières premières. « Un courtier expérimenté sait tester le marché, voir comment il réagit, être patient s'il le faut, explique Anthony Ledford. Aujourd'hui, les techniques humaines permettent encore de faire mieux que les ordinateurs dans certains marchés. » De nouvelles expériences, jugées « prometteuses », sont cependant en cours et devraient permettre de progressivement réduire la partie manuelle des opérations. Pour aller, peut-être, vers un monde idéal où l'être humain sera complètement absent?É. A., à Oxford
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