Les entreprises françaises s'inquiètent pour leurs activités

« Je pense qu'il n'y a pas de remise en cause des investissements », assure Carlos Ghosn. En revanche, « on s'attend à des conséquences sur le niveau du marché. Quand il y a des problèmes politiques, ça n'encourage pas du tout la consommation et notamment les achats de voiture », a prévenu le PDG de Renault, en marge du Forum de Davos. À l'instar des autres patrons d'entreprises françaises à pied d'oeuvre en Égypte - 500 au total dont 120 filiales de grandes sociétés employant 50.000 personnes - le responsable peine à évaluer l'impact des événements qui secouent un pays avec lequel la France a resserré ses liens économiques au cours des dernières années. Mais Lafarge et le Crédit Agricolegricole s'inquiètent suffisamment pour avoir décidé dimanche d'évacuer des employés et leur famille.Selon la Chambre de commerce française en Égypte (CCFE), l'Hexagone est « devenu en 2008 le premier investisseur étranger du pays et figure au rang de ses principaux partenaires commerciaux ». Les échanges commerciaux entre les deux pays ont progressé de 7 % en 2009 pour atteindre 2,28 milliards d'euros. En cinq ans, ils ont quasiment doublé. Au cours de l'année fiscale 2008-2009 démarrant au 1er juillet, la France était le sixième fournisseur de l'Egypte avec une part de marché de 5,8 %, contre 4,8 % l'année précédente et son cinquième client, avec 4,2 % du total exporté. Couvre-feuLes entreprises françaises présentes en Égypte interviennent dans des secteurs très diversifiés : la banque (BNP Paribas, Société Généralecute; Générale), l'énergie (GDF Suez, Total), l'environnement (Degrémont), l'agroalimentaire (Danone)... mais alors que 600.000 français se sont rendus en vacances en Égypte en 2010, l'inquiétude porte surtout sur le tourisme. Dimanche, le président de l'Association des tour-opérateurs, René-Marc Chikli, a annoncé que les voyagistes français suspendraient jusqu'au jeudi 3 février inclus tous les départs de vacanciers à destination de l'Égypte. Air France a pour sa part modifié son programme de vols pour s'adapter au couvre-feu fixé à 16 h 00.La situation reste également tendue dans les télécoms. France Telecom-Orange, implanté via ECMS, sa coentreprise dans la téléphonie mobile avec Orascom, indique que « le service voix fonctionne à nouveau normalement depuis samedi ». Mais, à la demande des autorités, les opérateurs n'avaient pas rétabli dimanche l'usage d'Internet, dont le pays est privé depuis jeudi. Après que des boutiques du britannique Vodafone ont été vandalisées, les opérateurs occidentaux craignent d'être pris en étau entre un pouvoir manipulant leurs activités et une population leur reprochant leur complaisance.La mission économique de l'ambassade de France au Caire affirmait dimanche que les « entreprises n'ont pas reçu de consignes de rapatriement ». « La plupart des sociétés et des banques sont fermées - qu'elles soient égyptiennes ou étrangères - or, en Égypte, le dimanche constitue le premier jour ouvré de la semaine », précise la mission. On y constate « qu'au Caire, il y a très peu de monde sur les lieux de travail car les gens ont peur de circuler ». Du 4 au 6 avril doit avoir lieu une « mission de prospection commerciale en Égypte » destinée aux PME françaises. Son maintien sera déterminé « en fonction de l'évolution de la situation », prévient la mission économique. Éric Chalmet
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