Après les dommages d'un yen fort, le Japon redoute les effets pervers d'un yen faible

Les acheteurs de yens, qui étaient encore légion après le séisme et le tsunami au Japon, ont finalement capitulé. D'abord par peur du gendarme, après l'intervention concertée des banques centrales du G7 le 18 mars et surtout devant l'ampleur du désastre nucléaire qui s'abat sur l'archipel. Au plus bas dans les transactions de mercredi, le yen a reflué jusqu'à 83,15 pour un dollar, cédant plus de 8 % de sa valeur depuis son record historique de vigueur du 17 mars. Face à l'euro, il a reculé jusqu'à 117,25, son plus bas niveau depuis dix mois.Double peineEn dépit de cette volte-face rapide du yen, la monnaie japonaise reste encore vigoureuse en termes historiques. Mais si sa rechute devait s'accélérer, le retour de balancier serait tout aussi préoccupant que l'avait été sa rapide hausse que la Banque du Japon avait cherché à contrer avec ses homologues du G7. Cette préoccupation commence d'ailleurs à sourdre de façon larvée chez les responsables monétaires japonais. Car si une monnaie trop forte constitue un sérieux handicap pour une économie encore fragile et dont les exportations sont le seul moteur valide, une monnaie trop faible dans un pays en pleine reconstruction et donc en demande d'importations accrues est tout aussi dommageable. Même si elle permettrait au Japon d'importer un peu d'inflation et de briser le cercle infernal de la déflation. Les inconvénients seraient particulièrement lourds pour le Japon, cruellement tributaire de l'étranger pour son approvisionnement énergétique. Troisième consommateur mondial d'énergie, il va en outre subir la double peine de la flambée des prix de ses matières premières qu'il importe et de sa facture d'importations du fait des pénuries résultant de la catastrophe nucléaire de Fukushima et des dégradations subies par d'autres centrales conventionnelles.Or, les conditions sont réunies pour que le yen reste sous pression. La Banque du Japon est dans l'obligation de continuer à mener une politique monétaire ultra-accommodante qui pénalise sa monnaie, au moment où les autres grandes banques centrales, BCE en tête, s'apprêtent à donner leurs premiers tours de vis depuis deux ans. En quête de rendements, les investisseurs ont reconstitué des positions de « carry trade », pour profiter du creusement des écarts de taux entre les monnaies qui se profile ou à déjà eu lieu, le yen servant de vecteur à leur stratégie. Le Japon devrait cependant échapper au scénario d'un yen fondant. En raison des rapatriements de capitaux de ses résidents et d'une aversion au risque résiduelle qui va limiter les stratégies de portage. Isabelle Croizard
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