Un désastre écologique sans précédent en perspective

« Que faut-il faire ? Envoyer l'armée pour qu'elle bombarde ? Le gouvernement sait mieux ce qui se passe sur la Lune qu'au fond du golfe du Mexique ! » s'exclame Willie Picket. Natif de La Nouvelle-Orléans, ce guide touristique ne décolère pas depuis l'échec de la dernière tentative de stopper la fuite de pétrole. Une partie de ses revenus dépend des touristes qui viendront en ville, mais aussi visiter les bayous ou pêcher. Or, si la marée noire n'a atteint la côte que par endroits seulement, le danger ne peut que s'accentuer à mesure que le colmatage de la brèche tarde. Cela fait déjà quarante jours que le pétrole s'écoule et personne ne sait quelle sera l'étendue des dégâts. « Avec un ouragan, c'est plus facile. Une fois qu'il est passé, c'est termin頻, avance encore Willie Picket.Les résidus de pétrole qui s'infiltreraient dans les marécages formant le delta du Mississippi pourraient contaminer l'écosystème pendant des années. « Au moins 400 espèces d'oiseaux, d'animaux, de crustacés sont présents dans cet environnement particulièrement fragile », indique le professeur Eugène Turner, de l'institut d'écologie côtière de l'université de Louisiane, à Bâton Rouge. Déjà, la pêche commerciale est suspendue. Ostréiculteurs et producteurs de crevettes utilisent leurs bateaux pour poser des barrages flottants afin de tenter de préserver la côte et l'industrie locale. « La moitié des crevettes américaines viennent de chez nous, observe John Tesvich, le président de la Louisiana Oyster Task Force, de même que 40 % des huîtres et 35 % des crabes. » Le tout équivaut à 275 millions de dollars par an. Sans oublier le tourisme, qui fait vivre de petites entreprises familiales. Au total, ce sont 4 milliards de dollars qui sont en jeu en Louisiane. Les poursuites pour dommages envers BP risquent de se multiplier, et le gouverneur de l'État, Bobby Jindal, a déjà demandé que BP crée un fonds de 300 millions de dollars d'aide immédiate. L. J. B.
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