Les entreprises se soucient de leurs seniors

Au cours des trente dernières années, lorsque les entreprises se voyaient contraintes de réduire leurs effectifs, elles mettaient leurs salariés seniors en tête de liste des partants. Avec l'indispensable réforme des retraites, le vent a commencé à tourner : à l'évidence, on ne peut pas à la fois demander aux salariés de rester actifs plus longtemps et, dans le même temps, les mettre à la porte des entreprises. Pour soutenir ce changement, obligation a donc été faite aux sociétés de plus de 50 salariés de mettre en place un plan d'action en faveur de l'emploi des plus de 50 ans. Sous la menace d'une pénalité financière équivalente à 1 % de leur masse salariale, elles avaient jusqu'au 31 mars pour s'acquitter de cette obligation, ce qu'une large majorité d'entre elles a fait : plus de 26.000 accords d'entreprise et 80 accords de branche ont été conclus. Volonté d'éviter la pénalité ou vraie prise de conscience, à l'heure où le débat sur les retraites bat son plein ? « La réglementation change petit à petit les mentalités, mais ça va prendre du temps », estime Éric Le Touzé, directeur de Michael Page France.Parmi les six domaines d'actions à mettre en place listés par un décret du 20 mai 2009 (voir infographie), les entreprises ont largement privilégié le tutorat, selon une étude Mercuri Urval d'octobre 2009. C'est, par exemple, le cas de Bouygues, avec l'opération « casque orange », au cours de laquelle des salariés seniors prennent sous leur aile de jeunes collaborateurs. entretiens de carrièreAutre action phare : l'anticipation des carrières professionnelles. Destinés à faire le point avec le salarié, les bilans de mi-carrière se sont implantés dans la plupart des grandes entreprises. Objectif : redonner des perspectives à des seniors parfois démotivés. Thales a ainsi mis en place des entretiens de carrière dès l'âge de 45 ans et propose des temps partiels à ses salariés confrontés à une situation de pénibilité. Conscient de l'importance de la formation, le groupe permet à ses salariés de plus de 50 ans de bénéficier d'un crédit de cent heures de formation. Autre initiative : la mise en place d'un cabinet de conseil en interne, voie de reconversion pour les seniors.Si l'objectif est de trouver une nouvelle place aux seniors, il s'agit aussi - et de plus en plus - de les conserver pour faire face à la pénurie de compétences. À la biscuiterie de l'Abbaye, en Normandie, plus de 20 % des salariés ont plus de 50 ans. Afin de prévenir les situations de pénibilité, l'entreprise a fait appel en 2009 à l'Anact (Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail) pour l'aider à réorganiser ses postes de travail. Reste que le problème du recrutement demeure. Seulement 5 % des entreprises estiment prioritaire l'embauche de seniors, selon l'étude Mercuri Urval. Préjugés vis-à-vis des plus de 50 ans ou frein de la rémunération ? « La plupart de nos candidats seniors sont très à l'écoute à ce niveau », tempère Éric Le Touzé. Pour éviter les a priori, Auchan a instauré des formations destinées à sensibiliser ses managers. Une voie à creuser. Catherine Quignon
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