Morgan Stanley s'apprête à lancer des obligations vertes

Comment orienter des fonds privés vers la finance carbone alors que l'ambition politique reste floue en matière de climat?? La question taraudait les participants de Carbon Expo, événement annuel de la finance carbone qui s'est tenu à Cologne en fin de semaine dernière. À 15?euros par tonne sur le marché européen, les cours du CO2 sont aujourd'hui trop faibles pour inverser la tendance à la hausse des émissions de gaz carbonique. Et «?le secteur privé trouve difficile de gérer risque politique, risque de crédits ainsi que le risque propre aux pays en voie de développement. Il faut créer un pont?», explique Imtiaz Ahmad, responsable des marchés carbone chez Morgan Stanley. Un pont qui prendrait la forme d'un nouveau type d'obligations, appelées obligations vertes ou «?green bonds?». Morgan Stanley se cache pour l'instant derrière l'IETA, le lobby de la finance carbone, pour pousser cette idée, mais le projet est déjà bien avancé.Une sorte d'hybrideCe nouveau mécanisme serait une sorte d'hybride entre obligations d'Etat classiques et projets de réductions de CO2 tels qu'ils existent actuellement. Par exemple, l'Etat indien pourrait emprunter auprès d'investisseurs (fonds de pension, fonds souverains etc....) pour investir dans des énergies moins émettrices en CO2 que le charbon qui représente une source d'énergie majeure en Inde. Le prêteur, à qui l'État garantit un faible coupon, serait ensuite remboursé non pas en cash, mais en tonnes de CO2 économisées par l'éolienne qui aura supplanté le charbon. Ce sont donc ces crédits, négociables sur les marchés du carbone, qui financeront, in fine, le mécanisme. Si les réductions d'émission n'étaient pas réalisées au bout de trois ans, les «?green bonds?» seraient rachetés par l'État émetteur, ce qui ramène le risque à zéro.Conçu pour les pays en voie de développement, où le potentiel de réduction des émissions est le plus important, les «?green bonds?» ne seraient pas aberrants au Nord. Les projets de réduction d'émission y sont encore plus rares qu'au Sud, au grand dam de CDC Climat, la nouvelle filiale de la Caisse des Dépôts qui souhaite amorcer un changement d'échelle. En France, seuls cinq projets domestiques sont en préparation, concernant le séchage du bois ou la fermentation de la luzerne. «?L'idée est pourtant formidable?: elle permet de faire payer au marché, donc aux centrales thermiques allemandes principalement, des réductions d'émissions qui n'auraient jamais lieu autrement?» rappelle Benoît Leguet, directeur de la recherche de CDC Climat. n
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