La collecte en assurance-vie va massivement sur les fonds garantis

La réforme fiscale annoncée par le gouvernement frappe doublement l'assurance vie (lire page 4). Par le biais de la taxation des fonds en euros logés dans des contrats multisupport et le biais de l'imposition de la réserve de capitalisation qui constitue l'un des fondements de la rémunération de ces mêmes fonds en euros. Or les fonds en euros à capital garanti continuent de faire le succès de l'assurance- vie. Sur les 92 milliards collectés depuis le début de l'année (pour un encours total de 1.300 milliards), près de 80 milliards se sont portés sur les supports traditionnels en euros où le capital ne peut jamais baisser et augmente chaque année d'un taux de rendement définitivement acquis. Avec 3,7 % en moyenne ces supports en euros restent en effet très profitables pour les épargnants au regard des 1,9 % distribués par le livret A en moyenne sur l'année dernière, et compte tenu d'une inflation à 0,1 % en 2009 (« La Tribune » du 26 août). Il est donc très logique que les flux d'épargne l'an dernier se soient dirigés à 93 % vers l'assurance-vie et que 87 % de ce volume ait été placé sur les fonds en euros. Les assureurs ont tout lieu de se réjouir de la stabilisation de la croissance de la collecte d'assurance-vie à + 8% fin juillet. Mais ne vont-ils pas se retouver victimes de ce succès ? D'une part, les sociétés qui collectent le plus aujourd'hui doivent investir sur les marchés, alors que les taux des emprunts d'Etat sont très bas (2,5 % pour l'OAT 10 ans par exemple), les actions très volatiles et les obligations d'entreprises privées chères et parfois risquées au regard d'un environnement économique incertain. La difficulté est donc de ne pas compromettre le rendement à venir en engrangeant des actifs à faible rémunération. nouvelles normes« Le vrai danger serait la reprise de l'inflation et la remontée brutale des taux qui rendrait d'autres placements très attractifs », estime un spécialiste. Les assureurs pouraient alors être exposés à un risque de retrait massif des épargnants. D'autre part, les assureurs doivent anticiper l'application en 2012 des nouvelles normes de solvabilité gourmandes en fonds propres. « Avec Solvabilité 2, le modèle économique d'une société d'assurance qui vend surtout du fonds en euros va devoir être revu », estime Gilles Ulrich, directeur général du groupe Le Conservateur. Pour ces raisons, les analystes fianciers et les investisseurs se montrent très circonspects vis-à-vis des gros collecteurs d'assurance-vie comme la CNP, dont le cours de Bourse à près de 16 euros fin juillet ne cesse de baisser jusqu'à s'approcher des 13 euros actuellement. 
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.