Plans sociaux en série aux Caisses d'épargne

Les plans de sauvegarde l'emploi dans sept Caisses ont conduit à 296 licenciements économiques en trois ans.
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Le climat est tendu entre les syndicats et la direction de la Caisse d'Épargne Île-de-France (CE IDF). Trois syndicalistes - deux militants SUD et un militant CGT -, ont en effet été convoqués et entendus il y a dix jours dans les locaux de la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) à la suite d'une plainte du président de la Caisse, Bernard Comolet, et de son DRH, Jean-Pierre Deck, pour « séquestration, tentative d'extorsion de signature et tapage ».

La plainte a été déposée il y a un an, après quatre semaines de grèves en avril 2010. Deux cents salariés de la caisse revendiquaient notamment des augmentations salariales et dénonçaient la mise place d'un plan de sauvegarde de l'emploi. Des trois chefs d'accusations, seul le tapage est assumé par les syndicalistes. Ils concèdent en outre une discussion de deux heures houleuse avec le DRH Jean-Pierre Deck « de laquelle il ne pouvait pas s'extirper ». La direction de la Caisse d'épargne Ile-de-France ne veut pas commenter ses accusations. Elle a tout de même expliqué avoir mis en place un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) à la fin 2010, dans le cadre de l'axe stratégique défini par l'organe central Banque Populaire Caisse d'Épargne (BPCE) « de rééquilibrer les effectifs au bénéfice du réseau commercial ».

Selon ce plan, un salarié administatif se voit proposer successivement trois postes de commercial. S'il les refuse, une procédure de licenciement peut être engagée contre lui. Plusieurs autres plans de sauvegarde de l'emploi ont été, ou vont être, enclenchés partout en France dans 8 des 21 Caisses d'Épargne. Selon nos informations, des plans sont déjà en oeuvre en Ile-de-France, en Rhône Alpes, en Picardie, en Normandie, en Nord France Europe, en Bourgogne Franche-Comté et en Lorraine Champagne-Ardenne. Un PSE est à venir en Provence Alpes Corse.

Débat sur les dividendes

Selon un rapport de début 2011 du cabinet Secafi, la mise en oeuvre de PSE dans sept Caisses d'Épargne a généré 296 licenciements économiques, auxquels s'ajoutent 1 .170 licenciements individuels, sur les trois dernières années. Le groupe BPCE affirme ne pas avoir été informé de tous ces plans et rappelle que chaque Caisse régionale à un statut de banque à part entière et prend ses décisions indépendamment de l'organe central.

Pour les syndicats, l'origine du problème remonte à la non-redistribution des dividendes dus aux sociétaires - les caisses régionales par le groupe mutualiste depuis la mi 2008. « Un manque à gagner de 100 millions d'euros en 2010 pour la seule Caisse d'Épargne Île de France », estime SUD BPCE. Les Caisses auraient du coup été contraintes de couper dans leur budget. La direction de BPCE justifie pour sa part cette absence de dividendes par la priorité de rembourser l'État après la crise financière. Le groupe explique par ailleurs les plans sociaux par le nombre important de fusions de Caisses régionales décidées avant la crise et impliquant des réorganisations de fond. Ces plans ont ensuite « mis du temps à se mettre en place ».

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