« Un éventuel défaut grec ne sera pas un problème »

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Nicolas Moreau, directeur général d'Axa France

Les assureurs sont-ils dans une situation comparable à celles des banques ?

Non. Les banques et les compagnies d'assurance ont des problématiques différentes car leurs métiers mêmes sont différents. Les assureurs ne prêtent pas d'argent ; ils collectent des primes en assurance dommages ou de l'épargne.

Et du point de vue des fonds propres ?

Tout dépend de la structure des portefeuilles. Chez Axa France, le taux de solvabilité (Solvabilité 1) s'est amélioré, et seuls 5 % des actifs sont investis en actions. Par ailleurs, la baisse des taux d'intérêt à long terme a généré des plus-values latentes importantes qui ont plus que compensé la baisse des marchés d'actions.

L'épargne investie en assurance-vie n'est donc pas menacée par la crise actuelle ?

Les clients qui ont placé de l'argent sur un fonds en euros dans une assurance-vie bénéficient d'une garantie sur le capital investi. Cette garantie repose en premier lieu sur les actifs financiers du fonds en euros, et dans un deuxième temps, si besoin, sur les fonds propres de l'assureur. La compagnie met en effet en réserve, pour constituer sa marge de solvabilité, l'équivalent de 4 % de l'épargne placée sur le fonds en euros. Le capital investi sur les unités de comptes d'un contrat d'assurance-vie n'est, lui, pas garanti, mais son rendement peut varier à la hausse comme à la baisse selon l'état des marchés.

Les fonds en euros contiennent une part importante d'obligations souveraines, notamment grecques. Que va-t-il se passer pour ces titres ?

À supposer qu'il y ait un défaut des titres grecs, cela ne sera pas un problème pour ce qui concerne Axa car l'exposition est très faible et notre bilan est suffisamment solide pour absorber d'éventuels défauts sur certains actifs comme cela a été le cas par exemple en 2008. En ce qui concerne la dépréciation des titres grecs, ce ne sera pas la première fois que les fonds en euros sont confrontés à une baisse de valeur d'un actif.

La forte baisse de la collecte ces derniers mois pourrait-elle poser un problème aux assureurs si elle se transforme en décollecte durable ?

Je ne suis pas inquiet car nous avons les liquidités suffisantes pour y faire face. Cela n'aura pas d'impact sur la rentabilité, puisqu'elle dépend des encours, donc de l'épargne en stock, et non des flux. Cependant, même si je pense que nous ne connaîtrons plus les grandes collectes de ces dernières années, je suis convaincu que l'assurance-vie a encore un rôle important à jouer dans l'épargne des Français car c'est un placement très souple. Si l'on prend un peu de recul, l'assurance-vie ne pesait que quelques milliards d'euros dans les années 1970. Aujourd'hui, 3 Français sur 5 en ont une et elle atteint presque 1.400 milliards d'euros, un montant qui a tout simplement doublé en 10 ans...

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